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DE L’INTERPRÉTATION DES HIÉROGLYPHES.

forme dont il fait usage plusieurs fois, khet niben, est tout-à-fait inadmissible, parce que khet qui signifie l’autre, ne saurait être associé au mot niben qui signifie tout d’une manière absolue ; le mot ter est le seul qui puisse s’employer pour signifier tout à la suite du mot autre ; ainsi l’on dirait, tous les autres hommes, nikerômi têrou. M. Salvolini paraît ignorer que le mot naa ne s’emploie jamais sans les pronoms affixes, et qu’il représente non pas le mot grand, mais le comparatif plus grand que. M. Salvolini donne souvent à l’un des composans d’un mot, le sens qui n’appartient qu’au mot entier : ainsi pour lui, soeit, illustration, prend le sens illustrer, qui n’appartient qu’au mot composé tisoeit ; le mot ahe, se tenir debout, prend le sens ériger, qui n’appartient qu’au mot tahe, etc. Je pourrais facilement multiplier les exemples ; ceux que je viens de donner suffiront, je pense, pour montrer que M. Salvolini eût dû faire une étude plus approfondie de la langue égyptienne et de ses règles, avant de se mettre à la recherche des rapports qui la rattachaient à l’écriture hiéroglyphique, avant de se risquer dans les interprétations auxquelles cette langue pouvait seule donner une base solide. S’il eût agi de la sorte, il est à croire qu’il n’eût point, par la publication de son livre, fourni de nouvelles raisons à ceux qui doutent encore que l’interprétation des hiéroglyphes soit possible.


Dr Dujardin.