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de l’inscription de Rosette le sens des mots nouveaux dont il enrichit les dictionnaires égyptiens. Il a pris tout simplement la question à rebours. S’il connaissait les rapports qui existent entre la langue parlée et la langue écrite, s’il avait une méthode de lecture, il fallait en démontrer la réalité en lisant dans l’inscription de Rosette, dont le sens est bien connu, des mots appartenant aux dictionnaires coptes, présentant le même sens que dans ces dictionnaires, et employés conformément aux règles de la grammaire. Au lieu de cela, M. Salvolini admettant à priori la bonté de sa méthode, si tant est qu’il faille voir une méthode dans les procédés dont il fait usage, n’a cherché dans le sens connu de l’inscription de Rosette qu’un prétexte pour enrichir la langue copte des mots tout-à-fait nouveaux qu’il découvrait à chaque pas. Mais, dira-t-on maintenant, si M. Salvolini a constamment besoin du texte grec pour reconnaître le sens des lectures qu’il obtient dans une inscription purement historique, comment a-t-il pu traduire couramment, et les campagnes de Sesostris, et les manuscrits que l’on désigne sous le nom de rituels funéraires, au point de reconnaître que le sens général s’opposait invinciblement à toute autre interprétation que la sienne, car dans l’un ni dans l’autre cas il n’était aidé par une traduction grecque ? Je ne me charge point d’expliquer cela. Mais je crois pouvoir indiquer une des causes qui ont fait échouer M. Salvolini dans ses tentatives pour résoudre le problème des écritures égyptiennes. Une connaissance indispensable pour tenter cette solution avec espoir de succès, c’est la connaissance aussi complète que possible de la langue copte et de ses règles. Cette connaissance paraît manquer à M. Salvolini. Ainsi, poussant parfois l’analogie jusqu’à des limites inconnues avant lui, il assigne à tel mot copte un sens qui lui est tout-à-fait étranger, uniquement parce que le mot latin qui lui correspond dans le dictionnaire est susceptible de ce sens, tandis que, d’un autre côté, il méconnaît des analogies incontestables, qui existent entre la langue écrite et la langue parlée, faute de savoir que dans cette dernière il y a un grand nombre de mots, tels que, tot, main, rat, pied, , tête, hra, face, etc., pour lesquels l’article possessif ne s’exprime jamais autrement que par un pronom affixe. M. Salvolini paraît ignorer qu’un substantif suivi de niben, tout, ne saurait prendre un article devant lui. Il paraît ignorer encore qu’une