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M. Salvolini. C’est fort bien ; mais ceux qui ne sont pas inspirés, comment, s’ils veulent tenter quelque interprétation, comment se tireront-ils d’affaire ? Je ne me charge point de vous l’indiquer.

Qu’a donc voulu prouver M. Salvolini avec son analyse ? quelles conséquences en a-t-il voulu déduire ? S’il entre dans l’interprétation sans avoir des règles formulées d’avance, du moins doit-on, en le suivant, voir des règles résulter de la marche qu’il suit. Pour moi, je l’ai déjà dit, je n’en ai pas pu découvrir une seule. Supposons cependant que, là où je n’ai vu qu’arbitraire, il y ait un fil directeur qui, d’abord profondément caché, doive se manifester à la fin. Examinons les résultats que nous présente l’analyse de M. Salvolini, et cherchons à juger par leur nature du degré de certitude qu’en pourraient attendre les règles auxquelles ils serviraient d’appui. Chacune des trois lignes de l’inscription de Rosette, analysées dans le volume de M. Salvolini, m’ayant conduit à des conséquences parfaitement identiques, je me contenterai de citer ici la troisième. Si j’ai choisi cette dernière plutôt que la première ou la seconde, c’est que M. Salvolini, convaincu du reste (page 236) que la première rédaction du décret de Rosette a été faite en langue grecque, s’astreint à suivre cette rédaction première dans la troisième ligne, beaucoup plus que dans les deux autres, où nous le voyons introduire diverses choses dont le texte grec correspondant ne fait nulle mention, telles que du blé, des pierres précieuses, le bœuf Mnevis, etc.

Voici donc la lecture de la troisième ligne de l’inscription de Rosette, suivant M. Salvolini :

Hra neter s[ont] djonf entouot-sen. Emouôt ska ptont[en] en sout [en].

Ce qui signifie

Et des dieux sauveurs pères de leurs pères. Pareillement, de faire élever une image du roi.

Pour qui connaît la langue copte ou égyptienne, il est évident que pas un mot de cette étrange lecture ne lui appartient. Je dois entrer dans quelques détails pour ceux qui ne la connaissent pas.

Hra, qui répond à la conjonction et, ressemble, il est vrai, à une préposition copte ; mais cette préposition ne s’est jamais présentée avec une valeur conjonctive.

Neter, mot par lequel M. Salvolini rend un caractère qu’il regarde