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DE L’INTERPRÉTATION DES HIÉROGLYPHES.

rentre par une autre. Quant aux moyens à l’aide desquels M. Salvolini a reconnu l’origine diverse de ces divers explétifs, ce sont les mêmes qui les lui avaient fait reconnaître pour des explétifs, c’est-à-dire sa conviction intime et le sens général des textes inconnus qui s’oppose invinciblement, etc. Je répéterai donc, à l’occasion des hiéroglyphes superflus, ce que j’ai dit à l’occasion des hiéroglyphes-rébus : attendons l’analyse de l’inscription de Rosette. M. Salvolini y trouvera sans doute quelqu’un de ces caractères explétifs, et nous verrons au moyen de quelle règle il les reconnaît.

Si nous ajoutons à ce qui précède, que M. Salvolini a rencontré souvent les caractères idéographiques déterminatifs placés avant l’expression qu’ils sont appelés à déterminer, tandis que M. Champollion n’admettait comme déterminatifs que des caractères placés en seconde ligne ; que M. Salvolini, éclairé par sa conviction intime, attribue le déplacement tantôt au respect, tantôt au caprice ; enfin, que M. Salvolini, toujours avec l’aide de la même conviction intime, a reconnu dans différentes circonstances jusqu’à trois signes déterminatifs placés à la suite de l’expression d’une seule idée, tandis que, dans M. Champollion, le nombre des signes de cette espèce ne va pas au-delà de deux, on aura une idée assez complète des rectifications et additions proposées par M. Salvolini.

En résumé, nous voyons que M. Salvolini regarde les caractères dont se composent les inscriptions hiéroglyphiques comme pouvant jouer des rôles beaucoup plus variés que ne l’admettait M. Champollion. Ces caractères peuvent représenter des sons ou des idées, ce que disait M. Champollion, ou ne rien représenter, ce que M. Champollion n’admettait point. Un caractère signe de son représente une articulation simple, ce que disait M. Champollion, il peut encore représenter une syllabe, il peut enfin représenter à la fois plusieurs sons, soit simples, soit syllabiques, ce que M. Champollion n’admettait point. Un caractère signe d’idée peut représenter directement l’objet dont la figure est tracée, et indirectement diverses idées qui se rattachent aux propriétés ou qualités de cet objet, ce que disait M. Champollion ; il peut de plus jouer le même rôle que nos rébus, c’est-à-dire rappeler, au moyen du nom de l’objet figuré, une idée tout-à-fait étrangère à cet objet, ce que M. Champollion n’admettait point. En un mot, M. Champollion reconnaissait, dans les divers modes d’expression dont est