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LE
SALON DU ROI.


Les peintures exécutées par M. Eugène Delacroix, dans une salle de la chambre des députés, dite Salon du Roi, méritent la plus sérieuse attention ; car les diverses compositions qui concourent à la décoration de cette salle sont également remarquables par la beauté des figures et par les facultés nouvelles qu’elles ont mises en évidence, et que le plus grand nombre ne soupçonnait pas chez l’auteur. M. Fontaine, pour satisfaire son goût symétrique, n’a pas craint de rogner impitoyablement la belle Bataille de Taillebourg. Maintenant que le musée de Versailles est ouvert au public, nous allons savoir ce qui nous reste de cette toile si animée, si énergique, où le peintre a prodigué à plaisir toutes les richesses de son art, où il a multiplié les problèmes pour se donner la gloire de les résoudre. M. Joly, du moins nous l’espérons, n’aura pas le même caprice que M. Fontaine. Puisqu’il a eu assez de clairvoyance et de sagesse pour concerter avec M. Delacroix la distribution des ornemens de son plafond, puisqu’il a soumis sa volonté à la volonté du peintre, nous avons lieu de penser qu’il ne changera pas de conduite, et qu’il ne condamnera pas à la mutilation les créations laborieuses et savantes dont il a préparé l’encadrement. Nous pouvons donc parler du Salon du Roi en toute assurance. Quand la session sera close, et que chacun pourra librement étudier les peintures de M. Delacroix, nos remarques trouveront encore leur application. Elles subiront le contrôle de l’opinion publique ; les détails que nous aurons approuvés ou réprouvés seront présens pour nous donner tort ou raison. Pourquoi faut-il que le Musée