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HISTOIRE DU BOUDDHISME.

tribue à les tranquilliser. Ceux qui sont guéris s’en vont d’eux-mêmes. »

Les ordres mendians, qui ont joué un si grand rôle au moyen âge, ne sont point une invention du xiiie siècle. Saint François d’Assise avait été devancé de plus de mille ans par les saints mendians du bouddhisme, qui eux-mêmes avaient eu des devanciers au sein de l’antique religion des brahmanes. Il y a aussi chez les bouddhistes des religieuses mendiantes. Bien que Bouddha ait fait d’abord quelque difficulté d’admettre les femmes à la vie religieuse, il finit par y consentir, en les soumettant entièrement aux religieux. Les observances qui sont imposées aux mendians des deux sexes ne laissent rien à désirer pour la rigueur de l’abstinence qu’elles prescrivent. Une de ces règles a été dictée par ce sentiment de charité universelle qui s’étend jusqu’aux animaux. « Les alimens que le mendiant a obtenus seront divisés en trois portions : une portion sera donnée à la personne qu’il verra souffrir de la faim ; une autre sera portée dans un lieu désert et tranquille, et déposée sur une pierre pour les oiseaux et les bêtes. »

Les monastères bouddhiques semblent, à plusieurs égards, calqués sur les monastères chrétiens. Cette ressemblance s’étend même jusqu’à des coïncidences minutieuses et fortuites. L’on sait que les moines, au moyen-âge, exprimaient ce qu’ils étaient dans la nécessité de se communiquer, au moyen de signes semblables à ceux qu’emploient les sourds-muets. Les moines bouddhistes que visita Fa-Hian s’étaient avisés du même expédient pour éluder la loi du silence.

« Quand ils entrent dans le réfectoire, ils ont une contenance grave et posée ; ils s’asseient, chacun à son rang, avec ordre et en silence ; ils ne font pas de bruit avec leurs bassins et leurs autres vases. Ces hommes purs ne se permettent pas de s’appeler les uns les autres quand ils mangent, mais ils se font des signes avec les doigts. » Ne semble-t-il pas voir des capucins entrer au réfectoire et prendre silencieusement leur repas ?

Dans le pays de Kie-Tcha, selon notre voyageur, la nature est si attentive aux besoins des religieux, que le temps change et devient froid dès qu’ils ont reçu leurs provisions. À quoi servirait, en effet, le soleil, quand les religieux n’en ont plus besoin ? Mais le roi du pays, qui est un prince avisé, a soin qu’ils ne reçoivent