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HISTOIRE DU BOUDDHISME.

inductions de la philologie et l’examen de leurs propres traditions concourent à placer leur berceau, c’est-à-dire au centre de l’Asie, au nord de la Perse et à l’ouest du Thibet.

Dans cette hypothèse, les communications de la Chine avec les races germaniques remonteraient au second siècle avant Jésus-Christ, époque de la mission du général Tchang-Kiao chez les Gêtes (Yue-ti) et de sa double captivité chez les Hioung-Nou (les Huns) ? Une autre mission à l’ouest, plus singulière encore, est celle de Kan-Yng dont parle notre voyageur bouddhiste, et qui fut envoyé par un célèbre conquérant chinois, l’an 97 de Jésus-Christ, au bord de la mer Caspienne, avec ordre d’aller soumettre un certain royaume de Fou-Lin, dont on avait vaguement ouï parler à la cour céleste ; ce royaume de Fou-Lin était l’empire romain.

D’autre part, le voyage de Fa-Hian nous montre les Gêtes faisant la guerre à des populations des bords de l’Indus pour leur disputer le Pot-d’Or de Bouddha : quelle singulière révélation que celle d’un peuple germanique entreprenant une guerre religieuse, une sorte de croisade bouddhique en Perse, avant le ve siècle ! Ces divers faits, tout isolés qu’ils sont, ne font-ils pas rêver ? n’ouvrent-ils pas des aperçus entièrement neufs sur les rôles et les rapports des peuples ? n’éclairent-ils pas d’un jour étrange l’histoire de l’humanité ? Ce sont des indications pareilles qui donnent à cette publication son principal intérêt historique. Mais en outre le texte et surtout les notes, souvent plus curieuses que le texte, renferment des renseignemens fort intéressans sur le bouddhisme, sur ses dogmes, ses mythes, ses légendes, sur son organisation ecclésiastique ou plutôt monacale ; car, comme l’a remarqué M. Hogdson, le bouddhisme a des moines et il n’a pas de clergé. Je vais choisir dans l’ensemble de l’ouvrage quelques-uns des passages qui peuvent le mieux caractériser sous différens rapports la religion bouddhique.

Le bouddhisme contient une métaphysique et une mythologie, la première très abstraite, la seconde très abondante et très confuse. La partie dogmatique du bouddhisme joue naturellement un faible rôle dans le récit du voyageur. La partie mythologique et légendaire y joue au contraire un rôle considérable ; c’est d’elle en conséquence que nous devrons principalement nous occuper.

Les bouddhistes ne manquèrent certes pas de l’imagination né-