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REVUE DES DEUX MONDES.

MATHILDE

On ne va pas au bal à cette heure-ci, quoi que puisse dire la pendule. Nous sortons de table il y a un instant.

CHAVIGNY

J’ai dit d’atteler ; j’ai une visite à faire.

MATHILDE

Ahl c’est différent. Je… je ne savais pas… j’avais cru…

CHAVIGNY

Eh bien ?

MATHILDE

J’avais supposé… d’après ce que tu disais… Mais la pendule va bien ; il n’est que huit heures. Accordez-moi un petit moment. J’ai une petite surprise à vous faire.

CHAVIGNY, se levant.

Vous savez, ma chère, que je vous laisse libre, et que vous sortez quand il vous plaît. Vous trouverez juste que ce soit réciproque. Quelle surprise me destinez-vous ?

MATHILDE

Rien ; je n’ai pas dit ce mot-là, je crois.

CHAVIGNY

Je me trompe donc, j’avais cru l’entendre. Avez-vous là ces valses de Strauss ? Prêtez-les-moi, si vous n’en faites rien.

MATHILDE

Les voilà ; les voulez-vous maintenant ?

CHAVIGNY

Mais oui, si cela ne vous gêne pas. On me les a demandées pour un ou deux jours. Je ne vous en priverai pas long-temps.

MATHILDE

Est-ce pour Mme de Blainville ?

CHAVIGNY, prenant les valses.

Plaît-il ? Ne parlez-vous pas de Mme de Blainville ?

MATHILDE

Moi ! non. Je n’ai pas parlé d’elle.

CHAVIGNY

Pour cette fois j’ai bien entendu. (Il se rasseoit.) Qu’est-ce que vous dites de Mme de Blainville ?

MATHILDE

Je pensais que mes valses étaient pour elle.