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SITUATION DE L’ORIENT.

laissé écrire au divan, par un des grands dignitaires civils que la Porte s’est réservé le droit de nommer dans ses gouvernemens, qu’il désirait une réconciliation sincère avec son souverain, qu’il était disposé à faire des sacrifices pour l’obtenir, mais qu’il se défiait de Khosrew-Pacha dont il connaissait la haine contre lui, et qu’il voulait négocier directement avec Muchir-Achmet. Or, il paraît qu’on profita de ces ouvertures pour faire disgracier le vieux séraskier, qu’on le représenta au sultan comme le seul obstacle au rapprochement désiré entre le vice-roi d’Égypte et lui, et qu’on obtint, par ce moyen, sa destitution et celle du grand-amiral Tahir-Pacha. La charge de ce dernier fut donnée à Muchir-Achmet, et aussitôt Sarim-Effendi, homme dévoué au nouveau capitan-pacha, fut envoyé à Alexandrie.

Que devait-il proposer au vice-roi ? quelles prétentions pouvait-il accueillir ? Mehemet-Ali, de son côté, qui avait provoqué cette mission, était-il prêt à sacrifier quelque chose et voulait-il sérieusement offrir des conditions acceptables ? À Constantinople, on déclarait que Sarim-Effendi était seulement chargé d’écouter les propositions du vice-roi. En Égypte, à peine l’envoyé du sultan fut-il arrivé, qu’on prétendit qu’il apportait la confirmation de Mehemet-Ali dans tous ses gouvernemens, et la reconnaissance formelle des droits de son fils à lui succéder, moyennant une augmentation de tributs. Et puis, dès la première conférence entre Sarim et le pacha, on écrivit en Europe que tout était arrangé et que Mehemet-Ali, déclaré presque indépendant, allait fonder officiellement sa dynastie, de l’aveu du sultan lui-même. Ce résultat paraissait à bon droit fort surprenant, et dans le système qui avait amené cette négociation, on hésitait à se féliciter d’un pareil rapprochement. Mais il n’en était rien : ces bruits, répandus avec affectation, ne représentaient, dans la réalité, que les prétentions personnelles de Mehemet-Ali, prétentions d’une hardiesse inconcevable. Sarim-Effendi venait offrir de tout autres conditions, mais néanmoins plus faciles et plus généreuses qu’on ne devait s’y attendre. Ces conditions, les voici :

Mehemet-Ali serait confirmé à vie dans les gouvernemens d’Égypte et d’Acre.

On lui accordait ce dernier pachalick pour sa sûreté personnelle, puisqu’il avait été l’objet de la guerre de 1831.