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POÈTES
ET
ROMANCIERS MODERNES
DE LA FRANCE.

xxiii.

MILLEVOYE.


Quand on cherche, dans la poésie de la fin du xviiie siècle et dans celle de l’empire, des talens qui annoncent à quelque degré ceux de notre temps et qui y préparent, on trouve Le Brun et André Chénier, comme visant déjà, l’un à l’élévation et au grandiose lyrique, l’autre à l’exquis de l’art ; on trouve aussi (pour ne parler que des poètes en vers), dans les tons, encore timides, de l’élégie mélancolique et de la méditation rêveuse, Fontanes et Millevoye. Le poète du Jour des Morts et celui de la Chute des Feuilles sont des précurseurs de Lamartine, comme Le Brun l’est pour Victor Hugo dans l’ode, comme l’est André Chénier pour tout un côté de l’école de l’art. Ce rôle de précurseur, en relevant par la précocité ce que le talent peut avoir eu de hasardeux ou