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tronne sur les tombeaux des Grecs peints à l’extérieur. Dans les Lettres d’un antiquaire à un artiste (pag. 232 et suiv.), il avait démontré que les trois tombeaux, décorés de peintures, dont parle Pausanias, savoir celui de Bura, de Sicyone, et celui de Tritæa, en marbre blanc, peint, par Nicias, ne pouvaient être que des cippes ou des tombeaux à quatre faces en marbre, dont une paroi, peut-être deux, avaient été peintes (pag. 250). De ces trois exemples, comparés à d’autres, tirés de Pline et de l’Anthologie, il avait conclu que, chez les Grecs, non-seulement dans les beaux temps de l’art, mais à l’époque romaine, les tombeaux, formant édifice isolé, étaient revêtus de peintures exposées à l’air, uniquement protégées par leur fronton saillant, et que ces peintures extérieures furent exécutées souvent par de grands artistes, tels que Nicias et Nicomaque, sur la pierre même, au moyen d’un procédé bien durable, puisque l’œuvre de Nicias à Tritæa se conservait encore, sans notable altération, au temps de Pausanias, 450 ans après la mort du peintre.

Cette théorie sur les peintures extérieures des tombeaux avait beaucoup surpris quelques antiquaires ; on s’était même avancé jusqu’à la déclarer contraire au génie de l’antiquité toute entière (Raoul Rochette, dans le Journal des Savans, 1836, juin, p. 345.), quoiqu’elle ne fût qu’une conséquence naturelle des textes anciens, entendus comme ils devaient l’être. Voici maintenant qu’elle se trouve pleinement confirmée par les découvertes récentes que vient d’exposer M. Ross. Déjà les idées du même antiquaire sur les frontons peints de certains temples, avaient reçu une confirmation remarquable par la découverte des mésopes des Propylées, alternativement creuses et planes, les unes remplies par des bas-reliefs, les autres couvertes de figures peintes. Le savant, du fond de son cabinet, avait donc deviné justement ce que le voyageur devait découvrir plus tard sur le sol classique.

Les exemples d’une confirmation aussi frappante sont trop rares, et honorent trop la science, en montrant toute la confiance qu’elle mérite d’inspirer, pour que nous n’ayons pas saisi avec empressement l’occasion d’en signaler un de plus à l’attention de nos lecteurs.


— La précieuse collection d’autographes de M. Franc Graffer, libraire à Vienne, en Autriche, contenant plus de mille pièces des écrivains et des artistes les plus célèbres, est à vendre ; la mise à prix est de mille ducats d’or. Les personnes qui seraient tentées d’en faire l’acquisition, peuvent s’adresser à MM. Treuttel et Würtz, libraires, rue de Lille, 17, à Paris, qui en délivrent un catalogue détaillé.


— C’est demain que paraît la première livraison des Mémoires du général Lafayette, publiés par sa famille[1]. Nous rendrons compte très prochainement des précieux documens historiques que contiennent ces volumes ; tout ce que nous en pouvons dire aujourd’hui, c’est qu’ils exciteront le plus vif intérêt.


F. Buloz.
  1. Chez. H. Fournier aîné, rue de Seine, 16. L’ouvrage formera six volumes ; trois sont en vente.