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DE L’AMNISTIE
ET
DE LA SITUATION POLITIQUE.

À quel signe peut-on mieux reconnaître le mérite et la portée des partis et des hommes politiques, si ce n’est à la promptitude judicieuse avec laquelle ils se mettent à servir les intentions et les besoins du pays ? Malheur à qui ne comprend pas vite et à fond la scène mobile dont il est un des acteurs ! La vie sociale, dans ses développemens et ses progrès, ne consulte pas les esprits lents ou les passions entêtées ; elle coule toujours ; ses aspects sont infinis, et s’il est vrai que l’homme est mené vers un but suprême que Dieu seul connaît, il ne peut pas dire comme Mithridate :

Je sais tous les chemins par où je dois passer.

Loin de là : il s’instruit à toute heure, il s’éclaire, il se corrige, il déplace la borne de ses aperçus, il met son esprit de pair avec la grandeur du monde et de front avec la rapidité des évènemens. Et il y va de la vérité et de leur salut, pour les hommes et les partis politiques, à se prêter avec facilité à ces mouvemens de la vie commune ; autrement ils demeurent en arrière, impuissans et vieillis.

Ici on vit plus vite qu’ailleurs, et il est inoui combien nous consommons en peu d’années de passions et de vicissitudes sociales.