et Sophocle sont unis entre eux par la vérité humaine de leurs créations, et personne, je crois, ne pourrait le nier de bonne foi après les avoir étudiés avec une égale attention, la conclusion est toute simple et se déduit sans effort. Ni le mouvement lyrique, ni la grace élégiaque, ni le trouble des sens, ni la pompe du spectacle ne peuvent remplacer l’élément humain, l’élément auquel Sophocle et Shakespeare doivent leur immortalité.
Les personnages, la fable et le dialogue du drame futur, quel qu’il soit, seront également soumis à la vérité humaine. Que le poète demande à l’histoire ou à la société contemporaine le type de ses créations, il ne sera jamais dispensé de mettre l’élément humain au-dessus de l’élément historique ou anecdotique. Dès que la nécessité d’obéir à cette loi impérieuse sera reconnue par les novateurs, l’érudition ne sera plus qu’un moyen, utile sans doute, mais cessera d’être un but. Il ne sera pas hors de propos de connaître les chartes et le blason ; mais le blason et les chartes n’équivaudront plus à des brevets de génie dramatique. L’étude de l’histoire et l’étude de la société ne seront plus superficielles, mais profondes. Le poète qui voudra mettre en scène un roi célèbre, ou un vice qu’il aura coudoyé, abandonnera la lecture des pamphlets pour la lecture des annales authentiques, et le portrait satirique pour le portrait comique. S’il se propose la peinture de la passion, sans acception de temps ni de lieu, il évitera résolument la partie sensuelle pour exprimer de préférence la partie intelligible, la partie idéale du sujet qu’il aura choisi ; car il saura que la partie sensuelle de la passion commence précisément où finit la poésie.
Les personnages une fois modifiés dans le sens humain, la fable et le style subiront naturellement une modification pareille. Dès que l’homme aura repris dans la poésie dramatique le rang et le rôle qui lui appartiennent légitimement, la pompe du spectacle, la variété puérile des incidens, la sonorité ou la sensualité du langage ne seront plus possibles. Et, certes, le jour où nous verrons disparaître du théâtre tous les fléaux que nous venons d’énumérer, sera un jour digne d’être salué par nos acclamations.
Que si les poètes nous reprochaient d’affirmer des vérités inutiles, et de nous complaire dans l’équation de deux quantités connues, nous aurions une réponse toute prête. L’histoire de la pein-