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LA PRESSE FRANÇAISE.

avec M. Urquhart ne nous empêche pas de reconnaître l’intérêt de son livre, un des plus utiles à consulter sur la population, sur le régime administratif, financier et commercial de la Turquie.

Si, comme on paraît le craindre, la question orientale était livrée aux chances des batailles, les régions slaves et germaniques deviendraient le rendez-vous de toutes les ambitions européennes, et alors on sentirait l’importance d’un ouvrage récemment publié, par le comte Stanislas Plater[1]. C’est un atlas historique et militaire de la Pologne, figurant dans une succession de cartes coloriées, les révolutions territoriales, le tracé des campagnes, le plan des siéges et batailles mémorables, depuis le commencement du xviie siècle jusqu’à nos jours. Le texte en regard de chaque tableau résume la situation politique de l’époque, les forces et le mouvement des armées, les résultats généraux de la campagne. L’histoire polonaise des deux derniers siècles devait prendre naturellement la forme d’un cours d’instruction militaire, la Pologne étant, pour ainsi dire, une carrière où ont exercé tour à tour les grands maîtres de l’art, Gustave-Adolphe, Sobieski, Charles XII, Frédéric et Napoléon.

On s’exposerait à de graves erreurs sur le principe vital des grands peuples, si l’on s’en tenait à l’impression d’un seul écrivain, quelque judicieux et désintéressé qu’il fût. Il faut, au contraire, rapprocher les témoignages et les contrôler l’un par l’autre. Les préjugés de pays et de doctrine, l’intérêt, le caprice, produisent sur chaque objet les avis les plus divers. Ainsi, se forme une série d’idées dont l’exagération marque les limites extrêmes, mais au centre desquelles on a chance de trouver la vérité. Les expériences de ce genre sont autre chose qu’un jeu d’érudition, quand elles portent sur une nation éminemment laborieuse : il y a profit réel à lire des livres comme L’Angleterre en 1835[2], lettres écrites à des amis par M. de Raumer, professeur d’histoire à l’université de Berlin, et Observations recueillies en Angleterre[3], par M. Simon, rédacteur en chef de l’une de nos meilleures feuilles provinciales. Le premier voyageur, franc Germain, c’est-à-dire un peu Anglais, ne perd jamais l’occasion d’exalter les trois royaumes aux dépens de ce pauvre royaume de France. À cette faiblesse près, il fait preuve de science et de raison élevée. Chez lui, la pensée déborde et noie l’observation : les coutumes anglaises ne sont plus qu’un texte de dissertations sur l’histoire et l’économie politique, qui ne portent pas tous leurs fruits, parce que les hasards de la correspondance en détruisent, presque toujours l’enchaîne-

  1. Deux cahiers in-folio. Prix : 12 fr. Chez Dufart, quai Malaquais, 1.
  2. vol. in-8o. Chez H. Fournier, rue de Seine, 14.
  3. Chez Pesron, rue Pavée-Saint-André-des-Arcs, 13 ; 2 vol. in-8o.