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LA PRESSE FRANÇAISE.

authentique de M. le prince de Canino, on pourrait croire à une de ces compilations faites sur la commande d’un libraire avec les journaux du temps et des on dit de vieillards. Il ne faut pourtant pas désespérer de l’entreprise. Le premier volume conduit seulement à la crise qui provoqua la chute du directoire. Avec le second commencera la tragi-comédie du 18 brumaire, pour laquelle M. Lucien Bonaparte est le témoin le plus important. Viendra ensuite la grande épopée impériale qui doit réveiller d’ardentes sympathies, si l’auteur fait taire un peu sa rhétorique pour laisser parler ses souvenirs et son cœur. La curiosité publique, un peu déçue d’abord, peut donc être amplement dédommagée par les livraisons suivantes.

Avouons qu’il est difficile d’être neuf et heureusement indiscret sur la révolution et l’empire, après le déluge de livres qui devient menaçant pour les lecteurs. Chacun a désiré un travail où les faits, étroitement groupés, quoique sans confusion, conduisissent rapidement aux résultats. L’Essai sur l’établissement monarchique de Napoléon[1], par M. Camille Paganel, correspond à ce but. L’auteur ne donne pas exactement tout ce que son titre semble promettre, c’est-à-dire des détails précis sur l’agencement des ressorts administratifs, sur cette immense machine gouvernementale, dont la vitalité fut telle, comme il le dit lui-même, que la France actuelle, à un point de vue politique tout différent, conserve, comme gage de salut, la plupart des grands procédés pratiques de l’empire. Mais n’est-il pas assez honorable pour M. Paganel d’avoir donné une excellente biographie d’un homme qui absorbe en lui son époque, et d’avoir dissimulé, par un remarquable talent de style, la sécheresse ordinaire des résumés analytiques ?


v. Histoire étrangère. — Moins connue nécessairement que celle de notre pays, l’histoire extérieure fournit plus souvent d’instructives publications. La Péninsule espagnole achète, trop chèrement sans doute, l’honneur d’occuper l’Europe entière. On dirait qu’elle prend à tâche de confesser son impuissance, en laissant aux nations actives le soin de débrouiller ses propres annales. En Allemagne, MM. Aschbach, Lembkè et Schœfer poursuivent des travaux qui déjà font autorité. En France, on a entrepris l’année dernière trois histoires générales, et publié plus de vingt ouvrages sur les institutions du pays, ses ressources et la lutte présentement engagée. Nous pourrions citer ici, comme se rattachant aux origines du peuple espagnol, les recherches provoquées par l’Académie des inscriptions, sur les migrations des Wandales, et leur établissement en Afrique ; mais le mémoire couronné, celui de M. Papencordt (de Berlin)

  1. Chez Armand Aubrée, rue de Vaugirard, 17.