DEUXIÈME SEMESTRE.[1]
Il est assez ordinaire qu’en déplorant l’infécondité présente de notre littérature et l’engourdissement inexpliqué des esprits, on s’en prenne à la critique, qu’on accuse tout d’abord de partialité et d’indifférence. Elle manque, dit-on, à son devoir de sentinelle vigilante entre le peuple qui lit et cet autre peuple qui compose : elle fait de la publicité un véritable privilége au profit des siens et d’elle-même, et abandonne au découragement amer le mérite modeste et isolé. Nous n’entreprendrons pas de vérifier jusqu’à quel point le reproche peut être fondé en général ; mais, pour notre compte, il nous est permis de dire que nous n’avons pas besoin de justification. Pour ne parler que de l’année 1836, nous nous sommes condamnés à suivre, jour par jour, le laborieux enfantement de plus de quatre mille volumes. Notre attention s’est particulièrement portée sur la multitude de ceux qui se rangent dans les trois grandes divisions : philosophie, histoire, littérature. De notre part, ni paresse, ni préventions. Les promesses, souvent menteuses du titre, ont été une recommandation suffisante, et nos lectures ne se sont pas bornées aux
- ↑ Voyez la Revue littéraire du premier semestre, numéro du 1er septembre 1836