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ABOLITION DE L’ESCLAVAGE.

tiens et publié au Port-au-Prince. La société reçoit avec plaisir ce témoignage d’un progrès dans la civilisation des hommes de couleur.

Séance du 23 janvier 1837.

On examine, quant à ses résultats probables, la question du rachat des esclaves par leur propre pécule.

Parmi les objections que font les conseils coloniaux contre ce système, dit M. Roger, il en est qui ne sont point dénuées de fondement, quoique présentées avec exagération. On craint surtout qu’il ne tende à désorganiser le travail, parce que les chefs d’ateliers et les ouvriers les plus intelligens seraient les premiers et presque les seuls affranchis. D’un autre côté, les noirs des villes, dont la condition est supportable, profiteraient surtout d’une émancipation que l’on doit principalement désirer pour les masses qui souffrent le plus.

M. Passy pense, avec M. Roger, que c’est l’inconvénient de tout affranchissement partiel. Il faudrait, selon lui, une émancipation générale, mais avec des combinaisons dont l’initiative devrait être imposée au gouvernement.

M. de Tracy signale la brochure de M. André de la Charrière, président de la cour royale de la Guadeloupe, comme l’expression de l’opinion des colons ; quant aux conclusions, c’est l’ajournement indéfini de la question ; quant aux principes, c’est le plaidoyer le plus subversif des droits de l’humanité ; l’apparente modération de sa forme ne la rend que plus dangereuse.

Les renseignemens qui viennent de nos colonies prouvent qu’on y rencontrera une résistance opiniâtre contre tout mode d’émancipation. Il en a été de même dans les colonies anglaises, où les planteurs s’efforcent de la faire échouer. Le gouverneur de la Jamaïque ne s’est jamais plaint des noirs, mais des blancs.

M. Appert annonce que la reine et madame Adélaïde l’ont chargé d’offrir à la société un don de 400 francs.

Séance du 13 février.

M. Isambert donne à la société connaissance d’une proposition faite par M. Lepelletier Duclary, président de la cour royale à la Martinique, et dont l’objet est de substituer une peine afflictive et infamante aux peines de police établies par le Code contre le vagabondage. — Cette proposition a pour but de faire ressortir, pour la métropole, les inconvéniens résultant des libérations nombreuses qui ont été régularisées depuis 1831, et qui s’élèvent à 30,000 environ.

D’après la correspondance de la Martinique, tous les bâtimens de la marine sont employés à croiser entre les îles anglaises et françaises, afin d’empêcher les nombreuses évasions d’esclaves.

Une pétition des hommes de couleur de la Martinique a été déposée à la chambre des députés par M. Isambert, à la chambre des pairs par M. le duc de Broglie.

Séance du 20 février.

La question à l’ordre du jour est celle de savoir si une proposition for-