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cependant elle n’est pas sans mérite. Il n’y a qu’un seul groupe saillant. Le roi, entouré des siens, et sur un cheval blanc, enfonce sa lance dans le sein d’un soudard. D’autres chevaliers, la tête cadenassée dans leurs boîtes de fer, arrivent au secours. La tête du soldat blessé est commune, mais elle est vraie ; celle du jeune homme aux cheveux blonds, qui prend en main la bride du cheval du roi, nous plaît davantage ; elle exprime avec justesse cette race de Flandre, à la peau transparente et aux grandes dents blanches. Le caractère de l’époque est bien senti, le dessin ferme et arrêté ; la couleur est franche, mais elle manque peut-être de force et de solidité.

Pour passer de la vieille bataille à la bataille moderne, nous ne pouvons mieux faire que de parler de M. Bouchot ; mais nous le disons à regret, nous n’avons pas à parler d’un tableau pareil à celui qui représentait les Funérailles du général Marceau. Soit qu’il n’ait pas été aussi bien inspiré, soit que la composition du sujet lui ait été imposée telle qu’elle est exécutée, M. Bouchot n’a pas retrouvé, cette année, la belle imagination et le sentiment profond qui lui ont fait produire une des bonnes pages historiques de l’école moderne. Son tableau de la Bataille de Zurich n’est que le portrait équestre du général Masséna, donnant des ordres à ses aides-de-camp, qui galopent autour de lui. C’est bien peu pour un tableau dont le titre est : Bataille de Zurich. Il en est de même de la toile exposée par M. Couder : elle représente Washington et Rochambeau ordonnant l’assaut d’York-Town. Ce sont des portraits sans grande animation. Cependant il est juste de dire que la composition de M. Couder est pleine de naturel, et que la franchise de sa touche corrige un peu l’insignifiance du sujet. La Bataille de Hohenlinden, de M. Schoppin, nous semble une réminiscence des batailles de Gros, moins la grande verve et la naïve invention du peintre de l’empire. Les batailles de MM. Larivière et Alaux ne sont guère que les groupes des premiers plans de Vandermeulen sur de plus grandes toiles. Il y a du savoir et de l’habileté de pinceau dans ces deux vastes pages. M. Schnetz nous a donné le Combat d’Eudes, comte de Paris, avec les Normands. La vue seule de ce tableau, son ordonnance et sa couleur rappellent l’homme de talent ; mais on y reconnaît bien difficilement le peintre du Sixte-Quint et du Vœu à la Madone, le contadino romain, l’homme