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SALON
DE 1837.

Juger, ce rôle si difficile et souvent si pénible à exercer dans l’ordre civil ou politique, ne l’est pas moins en matière d’art. Juger, c’est avoir dans une main l’épée et dans l’autre une couronne ; c’est dire, comme le Christ de Michel-Ange : Élus, venez avec moi ; — damnés, je vous réprouve ; c’est proclamer que ceci est bien et que cela est mal, après avoir tout compris, tout pénétré d’un coup d’œil sûr et infaillible. Pour bien juger en peinture, il faut tant savoir, il faut tant connaître ; il faut être philosophe et artiste à la fois, Titien, Léonard de Vinci ou Reynolds. C’est une lourde tâche. Toutefois, à défaut de ces grands hommes, et sans pouvoir discourir comme eux et aussi bien qu’eux de leur divine spécialité, espérons que nos jugemens ne seront pas trop erronés, et qu’en rendant compte de l’exposition de 1837, les observations que nous hasarderons, faites en conscience et dans un sincère amour de l’art, ne resteront pas sans fruit.

D’abord et avant tout, nous protesterons contre l’injustice faite à d’honorables artistes par la volonté sans appel du jury académique. Nous nous étonnerons que parmi les hommes qui le composent, il puisse se trouver des voix pour accepter d’aussi faibles