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Nord en publiaient simultanément plusieurs traductions, et les éditeurs belges, dans leur impuissance de rien produire d’original, en répandaient des éditions contrefaites et mutilées. Ainsi, de toutes parts, prévalait le système de M. Balbi, méthodique dans son exposition, clair et positif dans ses résultats. Son livre est aujourd’hui adopté par les Universités ; le publiciste et l’homme du monde le consultent ; les voyageurs, dans les pays lointains, le prennent pour guide ; les auteurs de l’Encyclopédie anglaise de Géographie ont sans cesse recours à Balbi ; M’ Culloch, dans sa nouvelle édition du Dictionnaire de Commerce, lui emprunte un grand nombre de ses descriptions, et depuis cinq ans, on n’a pas publié en France un seul ouvrage qui se rattache à la Géographie où le nom et les opinions de Balbi ne soient fréquemment cités. Ainsi, dès son apparition, notre Abrégé de géographie obtenait, au milieu de tant d’autres ouvrages préexistans, cette popularité, cette sanction, cette autorité que les meilleurs livres scientifiques n’acquièrent ordinairement qu’après un laps de temps fort long. Un accueil aussi favorable imposait nécessairement à M. Balbi de grandes obligations pour la nouvelle édition de son ouvrage. Nos lecteurs reconnaîtront, nous osons l’espérer, qu’il n’est pas resté au-dessous de cette tâche.

Si les cinq années qui viennent de s’écouler ont été fécondes en grands mouvemens politiques et sociaux, M. Balbi n’a rien négligé pour les connaître et pour utiliser, au profit de la science et de son livre, le temps qu’il avait devant lui.

La France, dégagée des embarras qu’entraîne une grande révolution, consacre toutes ses forces et l’énergie de son caractère à consolider son nouvel ordre de choses, à accroître ses ressources, à étendre ses conquêtes dans l’Algérie, à sillonner son territoire de nouvelles communications ; — l’Angleterre fait subir à ses antiques institutions des réformes jusque-là inespérées, elle brise les chaînes de ses esclaves, donne un libre essor au commerce de ses sujets dans les mers du Sud et crée un empire nouveau dans l’Inde ; — l’Estatuto-Real change la face de l’Espagne et y allume la guerre civile ; — le Portugal, passant sous le sceptre de la fille de don Pedro, se façonne enfin, après mille oscillations, aux exigences du système constitutionnel ; — la Belgique et la Hollande, brusquement disjointes, cherchent chacune, par des voies différentes, de nouveaux débouchés pour leur commerce et leur industrie ; — la Grèce, élevée au rang de royaume indépendant, lutte péniblement, malgré ses puissans appuis, contre les anciens chefs de parti indigènes ; — l’insurrection du Pacha d’Égypte, ses succès dans la campagne de Syrie, mettent la Turquie à deux doigts de sa perte ; — la Pologne disparaît de la carte d’Europe ; — la Russie poursuit ses conquêtes et en médite de nouvelles, soit en Europe, soit en Asie. La Prusse, à la faveur d’une ligue commerciale, attire vers elle tous les intérêts de la Confédération-Germanique, tandis que l’Autriche redouble de vigilance pour maintenir sous sa loi les peuples d’origines si diverses qu’elle domine.