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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 mars 1837.



Même après avoir lu tous les journaux, même après avoir écouté tous les propos des salons ministériels et des couloirs de la chambre, on ne saurait croire tout ce qu’il y a de petites misères dans l’intérieur d’un cabinet. Sans doute, dans un ministère composé, comme celui-ci, d’hommes spéciaux, plus ou moins capables, très capables même, disons-le, dès qu’ils se trouvent sur leur terrain, il se rencontre des jours de hautes et graves pensées que tout le monde pourrait entendre, et qui donneraient une grande considération au conseil, si ces jours-là il était loisible d’en ouvrir les portes au public, et de faire assister la France à la discussion. Ces jours-là, quand il s’agit de théories sociales et d’enseignement, si les passions politiques ne sont pas trop près de la question, quel homme commande plus l’attention que M. Guizot ? En fait de crédit et de diminution de tarifs, si les intérêts du parti ne sont pas en jeu, qui peut mieux se faire écouter que M. Duchâtel, en qui se trouvent assez bien combinées les qualités que donnent la maturité et la jeunesse ? De son côté, M. Martin (du Nord) ne se présente-t-il pas au conseil avec une science consommée, tant qu’il ne s’agit ni de commerce ni de travaux publics, et quand sa capacité législative n’est pas officiellement contrainte de se porter sur des tracés de chemin de fer, qui ne lui sont pas familiers, ou sur des constructions d’aqueducs et de ponts, qui lui sont plus étrangères encore ? Au contraire, M. le général Bernard, qui occupe le ministère de la guerre, ne serait-il pas le premier ministre des travaux publics de l’Europe, et la lumière ne naît-elle pas de chacune de ses paroles, quand il daigne empiéter sur les attributions de M. Martin (du Nord), en donnant quelques notions de géométrie appliquée et de génie