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décrit ou indiqué un plus ou moins grand nombre d’animaux dans leurs ouvrages. Tous ces hommes, érudits plutôt que savans, sont aussi des compilateurs ; et ce qu’ils ont compilé, ce sont surtout les compilations de Pline et des autres auteurs des premiers siècles de l’empire romain, les ouvrages d’Aristote n’ayant été connus pendant une partie du moyen-âge que par des extraits faits sur une traduction arabe.

Dans les siècles suivans, et jusque dans la première moitié du xvie, les zoologistes, si tant est qu’on puisse ainsi les nommer, continuent à compiler les anciens. Étudier l’histoire naturelle, c’est à cette époque examiner et analyser, non les productions de la nature, mais les livres des naturalistes anciens ; contribuer aux progrès de la science, ce n’est pas l’enrichir de notions nouvelles, mais classer dans un ordre nouveau ce qui était su déjà depuis plusieurs siècles. Tel est évidemment le seul mérite auquel aient pu prétendre Wotton, Lonicerus et leurs contemporains ; auteurs dont il faut signaler toutefois les compilations comme mieux faites que les précédentes, grace à une nouvelle traduction d’Aristote, faite par un réfugié grec après la prise de Constantinople.

Conrad Gesner, de Zurich, contemporain de Wotton et de Lonicerus, est aussi un compilateur, et nul même n’a plus compilé que lui : mais Gesner, observateur instruit en même temps que commentateur érudit, n’est plus un simple compilateur ; et le titre de restaurateur de l’histoire naturelle, donné dans les siècles suivans à cet homme laborieux et sagace, n’est que la juste expression des importans services rendus par lui à la science. Nous avouons n’avoir jamais eu la patience de lire dans son entier cet immense ouvrage que Gesner cependant a eu la patience bien plus grande de composer, et nous pensons bien que pas un des zoologistes modernes ne s’est engagé plus que nous dans des études évidemment impossibles à une époque où l’histoire naturelle est riche de plus de livres qu’elle ne possédait de pages au temps du naturaliste de Zurich. Mais si Gesner n’a plus de lecteurs, il est encore consulté chaque jour, il ne cessera jamais de l’être ; et ceux qui le consulteront, le feront toujours avec un immense profit pour eux et une égale admiration pour lui. Sa grande Histoire des animaux, — dont les diverses parties parurent de 1551 à 1587, n’est pas un