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LE VŒU DE LOUIS XIII.

et la Vierge. Dans une composition bien ordonnée rien n’est à négliger ; chaque partie, si elle est vraiment à sa place, concourt efficacement à l’effet général de l’œuvre ; négliger une partie, la traduire avec une demi fidélité, c’est donc nuire à l’effet général. M. Calamatta l’a bien compris, et il est évident que son zèle n’a pas fléchi. S’il a failli, ce n’est pas volontairement. L’avant-bras gauche de l’ange placé à la gauche du spectateur n’a pas une épaisseur suffisante. Il ne faut pas une grande clairvoyance pour apercevoir cette faute ; mais nous sommes sûr que M. Calamatta l’a commise à son insu. Il s’est trompé sur le sens à donner aux tailles de ce morceau ; et quand il s’en est aperçu, il était trop tard pour réparer son erreur. Il eût fallu effacer les tailles faites en diminuant l’épaisseur du cuivre, et cette rature eût peut-être compromis le tirage de la planche. Le reste de la figure est irréprochable. Je dois blâmer avec la même franchise l’un des deux anges qui tiennent l’écusson où est inscrit le vœu de Louis XIII, et c’est encore l’ange placé à la gauche du spectateur. Les plans de cette figure ne sont pas modelés avec la même fermeté que le reste de la gravure. Il est probable que la place de cet ange avait été réservée sur le cuivre, et que M. Calamatta n’a commencé à le graver qu’après avoir tiré déjà plusieurs épreuves d’essai. En divisant les plans de cette figure, il ne s’est pas rendu compte de la valeur qu’il devait leur donner. Il a indiqué les contours trop vaguement, et le travail une fois achevé, il n’a plus été possible de corriger les résultats obtenus. Mais il y aurait plus que de l’injustice à insister sur les deux fautes que nous venons de signaler. Les gravures les plus justement célèbres n’échapperaient pas à des remarques du même genre. Quand il s’agit de tailler le cuivre, la volonté ne s’accomplit pas aussi librement que sur la toile. Le cuivre une fois entamé garde les sillons tracés par le burin ; essayer de les effacer, c’est jouer gros jeu. M. Calamatta a donc bien fait de nous livrer son œuvre telle que nous la voyons ; employer son temps à se rendre littéralement irréprochable eût été de sa part une coupable pusillanimité. Il a eu raison de ne pas tenter la perfection absolue.

D’ailleurs, outre la pureté du dessin, une qualité non moins précieuse recommande encore la gravure du Vœu de Louis XIII, je veux parler de l’harmonie. C’est à l’harmonie qu’il faut rapporter la meilleure partie de l’effet produit par cette composition. La précision des contours, si complète qu’elle fût, ne suffirait pas seule à nous satisfaire. Les yeux, s’ils ne rencontraient pas des valeurs de ton habilement ordonnées, ne sauraient où se reposer et s’irriteraient par la distraction. La gravure de M. Calamatta ne laisse rien à désirer de ce côté. Toutes les figures sont baignées dans une commune lumière, mais éclairées selon la place qu’elles occupent. Grace à l’harmonie des tons employés par le graveur, le re-