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LE VŒU DE LOUIS XIII.

MM. INGRES ET CALAMATTA.

Le Vœu de Louis XIII, lorsqu’il parut au Louvre, excita une admiration générale ; chacun se plut à reconnaître la grandeur et la sévérité du style qui recommande cet ouvrage. Malheureusement le tableau de M. Ingres n’est plus aujourd’hui sous nos yeux ; c’est donc un vrai service que nous rend M. Calamatta en publiant la gravure du Vœu de Louis XIII. Cette œuvre savante, poursuivie avec une persévérance qui devient plus rare de jour en jour, mérite d’être examinée sérieusement. Mais pour bien comprendre le mérite du graveur, c’est-à-dire de l’interprète, il faut d’abord s’appliquer à pénétrer le rôle et l’intention du maître. C’est à cette condition seulement qu’il est permis de juger la fidélité de la traduction qui nous est donnée. Or, quel est aujourd’hui, quel a été depuis vingt ans le rôle de M. Ingres ? quelle a été la volonté, l’ambition permanente, l’espérance courageuse de l’artiste éminent à qui nous devons l’Apothéose d’Homère et le Martyre de saint Symphorien ? que s’est-il proposé ? quel devoir s’est-il prescrit ? N’est-ce pas de ramener l’école française à la tradition italienne du seizième siècle ? N’a-t-il pas prouvé en toute occasion qu’il se croyait envoyé pour renouer la chaîne des temps, et pour reprendre l’œuvre du génie pittoresque à la mort de Raphaël ? N’est-ce pas, pour lui et pour ses disciples fidèles,