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ses aux douanes de ce côté, la frontière fiscale de l’Espagne n’étant pas aux Pyrénées, mais sur l’Ebre. En revanche, elles paient des droits pour l’introduction de leurs denrées ou de leurs produits fabriqués, aussi bien à la frontière de Castille qu’à celle de France. Et, ce qui complète leur état de peuple étranger, c’est qu’elles sont soumises aux prohibitions commerciales, de même que le reste de l’Europe. Tout commerce avec l’Amérique leur fut toujours interdit, et cette interdiction subsiste encore pour les colonies que l’Espagne a conservées, telles que la Havane ou les Philippines.

« Les provinces basques, étrangères à la métropole aussi bien par les barrières internationales que par le langage, n’en diffèrent pas moins par les mœurs politiques et le régime d’administration intérieure. Tandis que l’Espagne devenait, sous Charles-Quint, et demeurait depuis lors une monarchie absolue, les trois provinces conservaient dans toute leur pureté les formes républicaines : en Biscaye, la démocratie ; dans le Guipuzcoa, l’oligarchie ; dans l’Alava, l’état mixte. Deux fois par an pour l’une, une fois pour l’autre, et de deux ans l’un pour la troisième, s’assemblent leurs petits congrès nationaux. Dans l’Alava, ce congrès se tient à Vittoria, chef-lieu de la province ; dans le Guipuzcoa, il change de résidence à chaque session, et séjourne alternativement dans tous les bourgs de la province, qui n’a pas de capitale ; dans la Biscaye, il se réunit en plein air, comme au temps des patriarches, sous le chêne de Guernica. Là se présentent les députations des diverses communes, portant sur leurs bannières le nom de républiques[1]. Ces congrès règlent l’administration du pays, votent les impôts, déterminent l’emploi des deniers publics, car les provinces font elles-mêmes leurs dépenses administratives de toute nature ; elles paient leurs employés ; elles entretiennent des milices pour le bon ordre ; elles ont enfin leurs finances et leur crédit public : finances parfaitement administrées, et crédit public qui ferait envie aux grands états, puisqu’à l’époque du soulèvement (octobre 1833), le 3 p. 100 de la province d’Alava était coté à 93. Les juntes nationales élisent en outre, pour l’intervalle compris entre leurs sessions, un magistrat nommé député-général, en qui réside le pouvoir exécutif, et qui traite avec le gouvernement espagnol en quelque sorte d’égal à

  1. On ne dit pas la commune, mais la république de…