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tous les élémens de la langue de Zoroastre ; car, avant de connaître sa doctrine, il fallait connaître sa langue.

Le nom de Zoroastre est du petit nombre de noms orientaux qui ont été célèbres chez les anciens ; mais cette célébrité ne peut rien nous apprendre de précis sur ce personnage et sur la réforme religieuse dont il fut l’auteur. Les anciens nous disent bien que la religion des Perses consistait dans le culte du feu et la croyance aux deux principes. Mais à peu de chose près, c’est tout ce qu’ils nous apprennent de cette religion ; or, nous connaîtrions fort mal la religion juive, si nous ne la connaissions que d’après Tacite.

C’est dans les livres sacrés attribués à Zoroastre, qu’il faut chercher sa doctrine. Je dis attribués, car il me semble évident qu’une partie au moins de ces livres n’a pas pu être rédigée par lui. Il me paraît impossible de supposer que Zoroastre soit l’auteur de prières, d’invocations, qui lui sont adressées, telles que celle-ci

« Ô toi qui es donné en ce monde, donné contre les devas, Zoroastre, pur, maître de pureté, si je t’ai blessé, soit en pensée, soit en parole, soit en action, que ce soit volontairement, que ce soit involontairement, j’adresse de nouveau cette louange en ton honneur, etc. »

C’est comme si l’on pensait que Marie eût composé les litanies de la Vierge. Mais s’ils ne sont pas entièrement de Zoroastre, ces livres contiennent certainement sa doctrine.

Quoi qu’il en soit, ces livres, ou plutôt les fragmens de ces livres qui subsistent aujourd’hui, sont écrits dans une langue qui ne se parle plus. C’est la langue zende, ancien idiome de la Perse, analogue au sanscrit, et duquel le persan moderne est dérivé. Pour arriver à savoir quelque chose de la religion de Zoroastre, il fallait d’abord trouver les livres zends, puis apprendre le zend pour les lire. Deux Français se sont partagé l’honneur de cette double conquête : Anquetil-Duperron a rapporté dans le siècle dernier, après mille fatigues, les textes zends, et, de nos jours, un jeune savant, que l’Europe a placé au premier rang de la philologie orientale, M. Burnouf, a commencé à retrouver la langue zende, et, par cette langue, la pensée de Zoroastre. Ce fait est trop important pour que le lecteur ne nous permette pas d’entrer à ce sujet dans quelques détails.

Après la conquête de la Perse par les musulmans, la religion de