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DE LA PROPRIÉTÉ EN FRANCE.

plus démocratique, la propriété, se divisant, est tombée par degrés dans les mains innombrables de la bourgeoisie. En Angleterre, le sol n’a pas changé de maîtres pendant que la liberté s’étendait ; et cela se conçoit, la concentration de la propriété étant favorisée par les mœurs autant que par les institutions.

Par l’effet du caractère national et des circonstances qui ont servi à le développer, la richesse, dans cette contrée industrieuse, tend naturellement à s’agglomérer et à s’accumuler. Ce sont des rayons qui cherchent un centre pour agir de là avec plus de puissance sur le monde extérieur. Toute récente qu’elle est, la propriété industrielle ne paraît pas moins colossale que la propriété foncière dans ses proportions. Les capitaux se concentrent comme les terres, et en vertu des mêmes mœurs. Tel manufacturier de Manchester produit chaque année une quantité de toiles peintes qui égale la production de tous les ateliers de Mulhausen. Tel marchand de nouveautés, à Londres ou à Glasgow, opère sur un mouvement annuel d’un million de livres sterling. Une brasserie comme celle de Whitbread, desservie par un régiment de chevaux et par une armée d’ouvriers, livre chaque année trois cents mille barriques de porter à la consommation. Pendant que le fer qui se consomme en France sort de trois à quatre cents usines, les trente à quarante forges de Birmingham fournissent aux demandes de l’Europe et des États-Unis. Enfin, les grands établissemens sont tellement dans les habitudes anglaises, qu’une société de particuliers comme la compagnie des Indes peut posséder en fief ou tenir à bail des contrées d’une immense étendue, et régner sur cent millions d’hommes sans faire ombrage au gouvernement.

Toutes les révolutions de l’Angleterre, politiques, religieuses, industrielles, ont tourné à l’avantage de la grande propriété. Constituée par la conquête, à la fin du xie siècle, et formée des dépouilles du peuple conquis, elle s’accrut, au xvie, par la spoliation des biens du clergé, et au commencement du xviiie par le partage des biens communaux. La révolution de 1688, en plaçant la souveraineté dans le parlement, en investit par le fait l’aristocratie ; en même temps la valeur des terres était augmentée par les progrès de l’industrie : la richesse et le pouvoir passaient dans les mêmes mains.

La substitution de la grande à la petite culture fut comme une