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Canton ?… La Volupté de Perse est vulgaire ; elle débite deux ou trois maximes épicuriennes qui traînent dans les rues, depuis à peu près mille ans avant Perse. » Or ces banalités de Perse, ce sont ces beaux vers :

Indulge genio, carpamus dulcia, nostrum est
Quod vivis : cinis, et manes, et fabula fies.
Vive memor lethi ; fugit hora ; hoc quod loquor indè est !

..................
Le moment où je parle est déjà loin de moi !


ce que lui-même, en d’autres occasions, appellerait des vérités éternelles que l’expression rajeunit.

À tout moment, à propos de Perse et des autres, M. Nisard use de cette méthode d’un avocat qui amoindrit et altère insensiblement les raisons de l’adversaire pour enfler les siennes. Un de mes amis, fort bon latiniste, a marqué, sur un exemplaire que j’ai sous les yeux, quelques contresens réels que M. Nisard s’est efforcé de faire, en traduisant Perse, afin d’aggraver les torts de goût du poète. Il le compare à Horace sur quelques passages, et est décidé d’avance à le mettre au-dessous ; résultat, certes, assez juste ; mais encore faudrait-il bien prendre ses points.

Horace dit :

......Si vis me flere, dolendum est
Primùm ipsi tibi
..........


Perse dit :

Plorabit qui me volet incurvasse querelâ.


« Il faut, traduit M. Nisard, que celui-là pleure, qui veut me courber sous le poids de la tristesse, » et il ajoute : « Quel fatras ! » Mais il paraît bien, d’après mon ami, que le sens véritable est : « Il faut que celui-là pleure, qui veut me fléchir par sa plainte ; » ce qui est beaucoup moins ridicule.

Horace a dit :

.......Totus teres atque rotundus
Externi ne quid valeat per læve morari
.


Perse dit :