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REVUE
LITTÉRAIRE.

LES ROMANS NOUVEAUX.

Il n’y a point présentement de tribunal moins respecté de ses justiciables que celui de la critique. Le plaideur condamné au Palais a vingt-quatre heures pour maudire ses juges ; l’écrivain censuré prendra bien vingt-quatre années pour maudire les siens : il n’y a pas de prescription contre sa mauvaise humeur. Prenez-y garde, candide aristarque, qui aviez dit franchement, il y a six mois ou six ans, votre avis touchant tel ou tel drame, tel ou tel roman plus ou moins à la mode, oublié aujourd’hui ; prenez-y garde. Vous dormiez tranquillement sur l’une et l’autre oreille ; vous vous imaginiez votre arrêt passé en force de chose jugée. Oh ! bien, oui. L’auteur contesté n’avait pas laissé dormir son ressentiment ; il vous attendait à son premier ouvrage. Vous allez voir demain comment la préface de son nouveau livre traite votre sentence, et quel appel en est interjeté devant le public.

Non pas que la très haute et très puissante préface vous attaque ouvertement et personnellement, chétif que vous êtes : ce serait à vous trop d’honneur. Si vous avez quelque sagacité, vous vous reconnaîtrez peut-être aux insinuations particulières dirigées à votre adresse.