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IL NE FAUT JURER DE RIEN.

Pourquoi donc, dans votre lettre d’hier, avez-vous dit du mal de ma mère ?

VALENTIN.

Pardonne-moi ; c’est un moment de délire, et je n’étais pas maître de moi.

CÉCILE.

Elle m’a demandé cette lettre, et je n’osais la lui montrer. Je savais ce qui allait arriver ; mais qui est-ce donc qui l’avait avertie ? Elle n’a pourtant rien pu deviner ; la lettre était là, dans ma poche.

VALENTIN.

Pauvre enfant ! On t’a maltraitée ; c’est ta femme de chambre qui t’aura trahie. À qui se fier en pareil cas ?

CÉCILE.

Oh ! non ; ma femme de chambre est sûre ; il n’y avait que faire de lui donner de l’argent. Mais en manquant de respect pour ma mère, vous deviez penser que vous en manquiez pour moi.

VALENTIN.

N’en parlons plus, puisque tu me pardonnes. Ne gâtons pas un si précieux moment. Oh ! ma Cécile, que tu es belle, et quel bonheur repose en toi ! Par quels sermens, par quels trésors puis-je payer tes douces caresses ? Ah ! la vie n’y suffirait pas. Viens sur mon cœur ; que le tien le sente battre, et que ce beau ciel les emporte à Dieu !

CÉCILE.

Oui, Valentin, mon cœur est sincère. Sentez mes cheveux, comme ils sont doux ; j’ai de l’iris de ce côté-là, mais je n’ai pas pris le temps d’en mettre de l’autre. Pourquoi donc, pour venir chez nous, avez-vous caché votre nom ?

VALENTIN.

Je ne puis le dire ; c’est un caprice, une gageure que j’avais faite.

CÉCILE.

Une gageure ! Avec qui donc ?

VALENTIN.

Je n’en sais plus rien. Qu’importent ces folies ?

CÉCILE.

Avec votre oncle, peut-être : n’est-ce pas ?

VALENTIN.

Oui. Je t’aimais, et je voulais te connaître, et que personne ne fût entre nous.

CÉCILE.

Vous avez raison. À votre place, j’aurais voulu faire comme vous.

VALENTIN.

Pourquoi es-tu si curieuse, et à quoi bon toutes ces questions ? Ne