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(un medio de entregar las armas sin vileza.) Ce moyen, la constitution peut l’offrir. Déjà la Navarre et les provinces basques lui ont été soumises de 1820 à 1823 ; elles y trouveraient peut-être de suffisantes compensations à la perte de leurs franchises, surtout si leurs représentans assistaient au travail de révision. D’ailleurs, rien n’empêche le gouvernement constitutionnel, en considérant la véritable situation de ces provinces et leur indépendance immémoriale de l’Espagne, de faire à son tour des concessions, et de leur laisser les fueros les moins incompatibles avec l’état général du pays. Une déclaration faite en ce sens, à la fin de 1833, aurait étouffé, dès sa naissance, l’insurrection des provinces basques ; aujourd’hui, une transaction peut la terminer honorablement, et, plus qu’une victoire à force ouverte, elle prouverait, aux yeux du monde, la puissance de la révolution qui vient de s’accomplir.

Après l’historique des faits qui devait précéder toute dissertation, j’espère, si je ne m’abuse, avoir fait comprendre trois choses : 1o que la nation espagnole devant se donner, par voie de révision, un code politique, il vaut mieux que les cortès prochaines révisent la constitution de 1812 que le statut royal, l’une étant d’origine espagnole, l’autre d’importation étrangère ; 2o que le système intermédiaire et modérateur ne convenant point à la nature du pays et aux nécessités de sa situation, il est heureux, quoi qu’il arrive, que l’Espagne en soit sortie pour se placer franchement dans le régime de la liberté contre celui de l’absolutisme ; 3o que le gouvernement constitutionnel aura plus de moyens que l’autre pour soumettre les provinces révoltées, soit par la guerre, soit par la paix.

Maintenant, que le ministère doctrinaire prenne un parti.


Louis Viardot.