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LETTRES SUR L’ISLANDE.

an (180 francs), en beurre, poisson, vadmal, ou argent, comme il voudra. Il lui donnera de plus quatre moutons vieux (4 gamle faar ; le chancelier avait sans doute peur que l’évêque ne donnât des agneaux), trois mesures de farine, une de sel, une de beurre, deux cents poissons et du lait.

« Il donnera au maître 20 thalers par an.

« Il sera obligé de donner aux élèves une bonne boisson et de bons alimens : aux plus grands, à chaque repas, le quart d’un gros poisson, ou la moitié d’un poisson ordinaire ; aux plus petits, le quart d’un bon poisson et du beurre.

« Les repas devront être préparés à une heure précise, de manière que les élèves ne négligent pas leurs leçons.

« Si Dieu voulait que quelques-uns d’entre eux devinssent malades, l’évêque devra les garder, pour en prendre soin, et leur faire servir du poisson frais, du lait et de la soupe.

« Chaque année, à la Saint-Michel, il fournira aux élèves des vêtemens : aux grands, dix aunes de vadmal ; aux autres, sept aunes.

« Il leur donnera de la lumière pour étudier le soir et pour se coucher. Il ne pourra, sous aucun prétexte, les détourner de leurs leçons pour les employer à quelque travail que ce soit, et sera obligé de les garder été et hiver. »

Malgré toutes ces précautions, les écoles ne furent pas mieux entretenues. Les maîtres et les élèves se plaignirent. Les évêques aussi se plaignirent de ne pouvoir satisfaire aux obligations qu’on leur imposait, et, en 1746, ils obtinrent une ordonnance, qui, tout en leur conservant le même revenu[1], réduisait à huit mois de l’année le temps des études. En 1797, la réunion des deux évêchés de Hoolum et de Skalholt en un seul entraîna celle des deux écoles. La nouvelle institution, basée sur de nouveaux règlemens, fut d’abord établie à Reykiavik ; de là elle a été transférée à Besesstad. J’espère vous en parler plus au long dans une prochaine lettre.

Nous arrivions dans la capitale primitive de l’Islande avec tous les souvenirs de son histoire, rêvant à ses riches évêques, à ses réunions de savans ; et lorsqu’au détour d’une colline le guide me dit : « Voilà Skalholt ! » je ne pouvais croire que le malheureux groupe de maisons que j’apercevais devant moi fût cette vieille cité dont je m’étais fait un autre tableau. C’était pourtant bien Skalholt : un pauvre bœr de paysans, ha-

  1. Ce revenu montait à 2, 500 thalers (7, 500 fr.) pour Skalholt, qui devait avoir vingt-quatre élèves, et 2, 000 thalers pour Hoolum, qui n’en avait que seize. C’était à cette époque une somme considérable pour l’Islande. Les évêques recevaient en outre plusieurs élèves riches qui payaient le prix de leur pension.