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on rencontre une démocratie plus ardente et plus décidée. On compte trois feuilles radicales pour un journal tory.

La proportion n’est pas aussi forte pour les journaux de province qui suivent le même mode de publicité, il y a cent journaux réformistes contre 75 feuilles tories ; mais la circulation de celles-ci est inférieure de moitié. Sur les soixante journaux qui se tirent à plus de mille exemplaires chacun, on compte 37 réformistes et 23 tories ; la circulation moyenne des réformistes est de 1,951 exemplaires et celle des tories de 1,374 par semaine. Voici le tableau de ces forces politiques.

Journaux libéraux Tories
1,000 ex. et au-dessous de 1,200 6 9
1,200 1,500 11 6
1,500 2,000 8 6
2,000 3,000 2 2
3,000 et au-dessus 4 0

Ainsi la circulation des feuilles libérales est à celle des journaux tories comme 100 est à 43.

Quoique ces chiffres aient été relevés sur les tableaux officiels, ils ne présentent pas les faits avec une exactitude absolue. La circulation des journaux de Londres a été exagérée aux dépens de celle des journaux de province. Voici d’où provient l’erreur :

Les feuilles de province en Angleterre n’ont pas, comme dans nos départemens, la faculté de faire timbrer leur papier dans la ville où elles se publient. Il n’y a pas de timbre (stamp’s office) hors de Londres, de Dublin ou d’Édimbourg. L’éditeur d’un journal qui s’imprime à Liverpool ou à Newcastle, à cent lieues de la métropole, est obligé de tirer de Londres ses feuilles timbrées dont les accidens du trajet mettent souvent une partie hors de service. Quelquefois, au lieu de s’adresser directement à l’administration, il préfère les prendre dans les bureaux de quelque confrère à Londres, qui lui accorde une remise et paie ainsi l’avantage de figurer sur les documens officiels pour un chiffre plus élevé que sa propre consommation. À la faveur de cette supercherie, le Times a dissimulé pendant long-temps le vide qui était survenu dans sa clientelle, et il a pu conserver le magnifique revenu de ses annonces qui lui rendent par mois beaucoup plus que le plus achalandé de nos journaux ne reçoit dans une année.