qu’il n’avait pas eu de gratification cette année, et ne lui en sûmes pas mauvais gré. Après les premières civilités, le dialogue suivant eut lieu entre nous, permettez-moi de vous le transcrire le plus brièvement possible :
Monsieur, je vous prie de m’expliquer ce que c’est que le romantisme. Est-ce le mépris des unités établies par Aristote, et respectées par les auteurs français ?
Assurément. Nous nous soucions bien d’Aristote ! faut-il qu’un pédant de collége, mort il y a deux ou trois mille ans…
Comment le romantisme serait-il le mépris des unités, puisque le romantisme s’applique à mille autres choses qu’aux pièces de théâtre ?
C’est vrai ; le mépris des unités n’est rien ; pure bagatelle ! nous ne nous y arrêtons pas.
En ce cas, serait-ce l’alliance du comique et du tragique ?
Vous l’avez dit ; c’est cela même ; vous l’avez nommé par son nom.
Monsieur, il y a long-temps qu’Aristote est mort, mais il y a tout aussi long-temps qu’il existe des ouvrages où le comique est allié au tragique. D’ailleurs Ossian, votre Homère nouveau, est sérieux d’un bout à l’autre ; il n’y a, ma foi, pas de quoi rire. Pourquoi l’appelez-vous donc romantique ? Homère est beaucoup plus romantique que lui.
C’est juste ; je vous prie de m’excuser ; le romantisme est bien autre chose.
Serait-ce l’imitation ou l’inspiration de certaines littératures étrangères, ou, pour m’expliquer en un seul mot, serait-ce tout, hors les Grecs et les Romains ?