fin de chaque année, ces mouvemens de la presse qu’il suffit d’indiquer aujourd’hui.
Cette division est principalement formée par la réimpression des classiques de séminaire, de la liturgie et des traités mystiques, à l’usage des ames ferventes. Le Saint-Augustin, édité par MM. Gaume, est le seul ouvrage dont la reproduction mérite d’être signalée. L’œuvre nouvelle du clergé est, comme d’habitude, assez mince : elle se borne à des règlemens de confrérie, au programme de quelques pratiques dévotes, et enfin à cinq ou six livres de controverse, qui rappellent le ton aigre et l’ergotisme de l’ancienne Sorbonne. On n’y distinguerait pas un écrit nouveau qui commandât l’attention publique, pas une seule page peut-être, conçue avec l’intelligence de l’esprit français au xixe siècle.
Ajoutons enfin que la production du premier semestre, comparée aux résultats de l’année précédente, est à peu près réduite de moitié. N’est-ce pas un fâcheux augure pour la réaction religieuse, que les agioteurs en librairie ont si habilement exploitée depuis deux ans. Nous regrettons de porter atteinte à des illusions respectables sans doute, mais qu’un froid examen ne nous a pas permis de partager. Le mouvement régénérateur n’est pour nous qu’une des mille oscillations de la pensée publique, sans portée réelle, sans direction précise. Pour qu’il se perpétuât, il faudrait que l’impulsion vînt du clergé : or, il n’en est rien. Le clergé, ou du moins les chefs suprêmes qui déterminent jusqu’aux moindres actes du corps ecclésiastique, sont demeurés tellement étrangers à cette effervescence soudaine, qu’ils ont été les premiers à s’en étonner, et que dans l’impuissance de s’en rendre compte, ils ont tout expliqué par une intervention divine, en faveur de cette église qui ne doit pas périr. Il est évident d’ailleurs qu’une doctrine ne devient conquérante qu’à condition d’être active ; et l’activité est autre chose, selon nous, que le remuement d’un zèle aveugle. L’activité est la tendance à un but nettement exprimé, une marche vers un progrès. Nos prêtres ont-ils su faire sortir de leurs dogmes une application d’un bénéfice incontestable, un principe social de nature à rallier les esprits d’élite, et à entraîner les sympathies populaires ? Bien loin de là. Ils recommandent à chacun la passivité qui les annule eux-mêmes. L’unique affaire, comme ils disent, celle du salut éternel, étant possible en tous temps comme en tous lieux, il est inutile de modifier le milieu dans lequel on accomplit son temps d’épreuve. Au mal social ils ne savent qu’un seul remède, la résignation, et ils s’en tiennent à prêcher l’orthodoxie des croyances, qui ne sont guère combattues, la supériorité de la morale chrétienne, que