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MANUSCRIT DE SANCHUNIATHON.
Les contrées les plus éloignées de cet océan sont les Imyrchakines, c’est-à-dire les îles d’Hyresa, Hyrisima, Mazaurisa et Igydula, qui étaient fort populeuses dans le principe, mais qui ont été entièrement dépeuplées par une peste. Elles sont à dix jours de marche du promontoire de Tiborsypha[1].
§ VI. — LE SUD, LE NORD ET L’EST DE LA TERRE. (Chap. 16.)
Dans le voisinage des Tyriens habitent les Cérates, les Juifs, les Égyptiens, les Arabes, les Damascènes et les Hamathéens, alliés de Joram. En Égypte est le Nil. En le remontant, on arrive en sept jours à la capitale où l’on trouve un grand nombre d’esclaves éthiopiens venus des contrées méridionales. Ils ont la peau noire, mais par leurs mœurs et leur manière d’être, ils ressemblent beaucoup aux Égyptiens. Les Éthiopiens habitent les contrées les plus méridionales de la terre.
Au nord habitent les Arméniens, les Phrygiens et les Lydiens ; bien plus au nord encore les Cambres, les Amydones et les Titans. Les Titans sont une race très sauvage et à demi nue qui va chercher en Médie des chevaux blancs qu’elle regarde comme des dieux. Ils habitent autour d’un grand lac et sont à vingt jours de marche des Mèdes.
Vers le levant habitent les Babyloniens, les Mèdes et les Éthiopiens. La ville des Babyloniens est grande et peuplée. La Médie nourrit de nombreux troupeaux de chevaux blancs. Le pays des Éthiopiens est sablonneux et aride sur les côtes, montagneux dans l’intérieur des terres.
Le pays le plus reculé à l’orient est la Chersonèse de Rachius, où les trirèmes de Joram sont parvenues.
Citons encore quelques chants nationaux qui se trouvent rapportés dans le cours de l’ouvrage. Assurément il y a une poésie bien élevée et une suite d’images dignes de la Bible dans ce chant funèbre sur des guerriers tyriens morts à Tartessus, que M. Grotefend rapproche du fameux cantique d’Ézéchiel :
La mer t’a-t-elle rejeté sur le rivage comme une perle brillante, ou bien es-tu né du ciel, astre lumineux ? Le continent brille de ton éclat et la mer réfléchit ta beauté.
Ô reine des flots, quand tu vois ton peuple naviguer, tu te réjouis comme une heureuse mère à la vue de ses enfans.
Mais jette les yeux au loin, et des larmes rouleront sur tes joues et baigneront le sol ; et la mer retentira de tes chants plaintifs ;
Car tes trirèmes ont été brisées à Tartessus, et les plus braves de tes
  1. Le nom d’Imyrchakines s’explique par l’hébreu ; Iimrakhokim, îles éloignées. Il s’agit évidemment des Canaries.