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MANUSCRIT DE SANCHUNIATHON.
trois établissemens des Sidoniens, un des Aradiens et quatre des Tyriens. Les noms des villes sidoniennes sont Machira, Supha, Zoara ; celui de l’établissement d’Aradus, Sale ; ceux des colonies tyriennes, Ozyne, Bethomalkrot, Masaba et Casra. Les habitans de Machira ont une armée de cinq mille hommes et vingt vaisseaux. Ceux de Supha peuvent armer deux mille hommes et dix vaisseaux ; ceux de Zoara, mille hommes et dix vaisseaux. Les Saléens, de leur côté, ont quinze cents guerriers et une flotte de huit vaisseaux. Enfin, les habitans d’Ozyne mettent sur pied deux mille hommes ; ceux de Bethomalkrot douze cents ; ceux de Masaba cinq cents, et ceux de Casra huit cents. Les quatre villes réunies possèdent quinze vaisseaux.
Les Machiréens, les Suphéens et les Ozynéens font souvent voile vers des îles et des détroits situés au couchant pour combattre les barbares de ces pays, qui se livrent à la piraterie, et ont des vaisseaux semblables aux nôtres.
L’île des Cérates (Crète) est d’une étendue considérable. Les Sidoniens y ont fondé une ville de Mapiza, et les Tyriens un établissement nommé Mapristor[1], « parce que les Tyriens y ont un port. » Mapiza fournit trois mille combattans, quinze vaisseaux et cent archers, Mapristor quatre cents hommes et six vaisseaux. Dans les montagnes habitent les Cérates aujourd’hui subjugués, mais qui, autrefois redoutables sur mer, ont fondé des établissemens dans le pays de Gaza.
Gadira, ville riche et peuplée, est une colonie des Mapizéens. On y trouve un temple d’Astarté entouré de murs, ce qui a fait donner à la ville le nom qu’elle porte[2]. La ville a sept mille combattans, deux cents archers et une flotte de trente galères. Sur la côte opposée, les Gadiréens ont peuplé beaucoup de villages et de châteaux.
Si l’on navigue à l’ouest de cette île, on arrive en quatre jours, avec un vent favorable, dans l’île de Mazaurisa, également très peuplée. Les Tyriens et les Sidoniens y habitent six villes, Nasbos, la ville de Mélicerte, Jamnia (Ἰαμνείαν), Jitron, Malkuba, Ophala et Moraba, et beaucoup de villages. Ces colonies fournissent onze mille hommes et une flotte de trente-huit vaisseaux[3].
De Moraba, on arrive en un jour à Mylité[4], où l’on ne trouve point de
  1. En hébreu Mifrats tor, le port de Tyr. W.
  2. Γάδειραν γὰρ τεῖχος λέγουσιν, ajoute Philon. En hébreu Ghedera. W.-M. Grotefend dans sa préface pense qu’il s’agit de Cythère.
  3. Mazaurisa est la Sicile, pays (en arabe mesr) du feu (en hébreu ech) ; elle était ainsi appelée à cause de son volcan. W. Quant aux six établissemens formés par les Tyriens et les Sidoniens en Sicile, M. Grotefend renvoie à Thucydide, liv. iv, ch. ii.
  4. Malte, suivant M. Grotefend.