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IL NE FAUT JURER DE RIEN.

LA BARONNE.

Ah ! pardon, je n’y étais pas.

L’ABBÉ.

J’ai cru vous y apercevoir.

LA BARONNE.

Où donc ?

L’ABBÉ.

À Saint-Roch, dimanche dernier.

LA BARONNE.

Mais oui, très bien. Tout le monde pleurait ; le baron ne faisait que se moucher. Je m’en suis allée à la moitié, parce que ma voisine avait des odeurs, et que je suis dans ce moment-ci entre les bras des homœopathes.

LE MAÎTRE DE DANSE.

Mademoiselle, j’ai beau vous le dire, vous ne faites pas d’oppositions. Détournez donc légèrement la tête, et arrondissez-moi les bras.

CÉCILE.

Mais, monsieur, quand on veut ne pas tomber, il faut bien regarder devant soi.

LE MAÎTRE DE DANSE.

Fi donc ! C’est une chose horrible. Tenez, voyez ; y a-t-il rien de plus simple ? Regardez-moi ; est-ce que je tombe ? Vous allez à droite, vous regardez à gauche ; vous allez à gauche, vous regardez à droite ; il n’y a rien de plus naturel.

LA BARONNE.

C’est une chose inconcevable que je ne trouve pas mon peloton bleu.

CÉCILE.

Maman, pourquoi ne voulez-vous donc pas que j’apprenne la valse à deux temps ?

LA BARONNE.

Parce que c’est indécent. Avez-vous lu Jocelyn ?

L’ABBÉ.

Oui, madame, il y a de beaux vers ; mais le fond, je vous l’avouerai…

LA BARONNE.

Le fond est noir ; tout le petit meuble l’est ; vous verrez cela sur du palissandre.

CÉCILE.

Mais, maman, miss Clary valse bien, et mesdemoiselles de Raimbaut aussi.

LA BARONNE.

Miss Clary est Anglaise, mademoiselle. Je suis sûre, l’abbé, que vous vous êtes assis dessus.