sultat des idées mystiques et chrétiennes de l’école de Mme Krüdner, mais qui reposait sur un principe de résistance à l’esprit de liberté. La sainte-alliance était un contrat de garantie mutuelle, et en quelque sorte de solidarité des couronnes contre le mouvement libéral des peuples. M. de Metternich et le comte de Nesselrode n’étaient certainement pas des hommes à vagues transactions, il y avait trop de positif dans leur vie pour cela. Ils virent néanmoins avec satisfaction le czar s’engager dans ces idées ; l’un et l’autre espéraient entraîner l’empereur Alexandre dans leur système. Les évènemens semblaient d’ailleurs favoriser la pensée commune du comte de Nesselrode et du prince de Metternich. Les sociétés secrètes d’Allemagne prenaient un développement effrayant ; la Prusse, l’Autriche, étaient dans de perpétuelles inquiétudes sur l’esprit et la tendance de ces associations ; elles écrivaient notes sur notes au cabinet de Saint-Pétersbourg, et M. de Nesselrode promettait secours aux deux cabinets alarmés. D’un autre côté, le sénat de Pologne, par une résistance mal calculée, venait de blesser profondément les affections de l’empereur. Ce qui, dans un gouvernement normal et constitutionnel, eût été considéré comme un acte légal, fut confondu avec la révolte armée, et l’empereur prit tout à coup des résolutions violentes à l’égard de la Pologne. C’était rentrer dans les idées du système européen, cette grande répression qui appartenait à l’école de MM. de Nesselrode et Metternich. Il y avait ainsi plus d’un intérêt en jeu pour affaiblir le crédit du collègue libéral de M. de Nesselrode. Capo d’Istria était favorable à ses compatriotes, qui venaient de secouer par un mouvement généreux l’oppression de la Porte ; Capo d’Istria poussait l’empereur Alexandre à intervenir immédiatement en portant une armée russe sur le Pruth, et une flotte dans la Morée. Le prince de Metternich vit avec effroi l’insurrection de la Grèce. Vieille alliée de la Porte, la maison d’Autriche s’efforça d’éviter un conflit qui menaçait la puissance ottomane, nécessaire à l’équilibre européen ; en conséquence, la tactique de l’Autriche, secondée par M. de Nesselrode, dut être de persuader à l’empereur Alexandre que le comte Capo d’Istria ne voyait qu’une question de co-religionnaires là où il y avait un véritable esprit de révolution.
Ce fut alors que, de concert avec le comte Nesselrode, M. de Metternich revint à l’idée d’un congrès, à ces grandes représenta-