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DIPLOMATES EUROPÉENS.

ploi déterminé. Le comte de Nesselrode régla avec lord Castlereagh la forme de paiement pour la solde des troupes, et les résultats diplomatiques de la campagne.

Durant cette campagne de 1814, c’est auprès du comte de Nesselrode que convergent toutes les démarches du parti royaliste pour la restauration des Bourbons ; c’est à lui que s’ouvrit, pour préparer les voies à l’ancienne dynastie, M. de Vitrolles, agent secret de M. de Talleyrand au quartier-général des alliés. Les tristes évènemens de la guerre avaient amené les troupes coalisées à Paris ; le moment était décisif pour cette fraction du sénat qui, sous la direction de MM. de Talleyrand, d’Alberg, Jaucourt, voulait la chute de Napoléon. Un gouvernement provisoire avait été formé après l’occupation de la capitale, il n’y avait pas à hésiter dans le choix des alliances, il était urgent d’obtenir l’appui de l’empereur Alexandre ; mais, avant tout, il fallait s’assurer le crédit du comte de Nesselrode, le ministre signataire de tous les actes diplomatiques depuis trois ans. Il fut donc entouré, assailli par mille intrigues qui se croisaient, par des négociations de toute espèce qui venaient aboutir à son cabinet. Les premières démarches du comte de Nesselrode furent très réservées ; il voulait tâter l’opinion ; il fallait d’ailleurs décider le prince de Schwartzenberg, qui commandait l’armée active, à une grande démonstration, et l’on ne savait pas précisément quels étaient les projets de l’Autriche et du prince de Metternich en particulier. Toutes les pièces diplomatiques émanées du comte de Nesselrode se ressentent de cette situation complexe. Toutefois le ministre d’Alexandre se prononça plus nettement dans une lettre officielle du 1er avril, adressée à M. Pasquier, préfet de police, afin qu’il eût à mettre en liberté les personnes arrêtées pour avoir manifesté des opinions favorables à leur souverain légitime. Il était évident que l’expression souverain légitime indiquait une décision secrète prise en faveur des Bourbons. Jamais peut-être il n’y eut plus d’activité dans la diplomatie ; le salon de M. de Nesselrode ne désemplissait pas : tantôt c’était M. de Caulaincourt qui venait avec les pleins pouvoirs de Napoléon ; tantôt les maréchaux de l’empire qui stipulaient les droits de l’armée ; tantôt arrivaient MM. de Talleyrand, Jaucourt, d’Alberg, pour presser M. de Nesselrode d’en finir avec toutes les incertitudes, par la déchéance de Napoléon ; enfin, les royalistes