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LA PEINTURE ET LA SCULPTURE EN ANGLETERRE.

certain savoir-faire et quelque facilité de ciseau ; aucun ne nous montre de physionomie vivante et qu’éclaire un rayon d’âme.

Ce qui vaut mieux que tout le reste, c’est un petit nombre d’esquisses en glaise et en cire, et de bas-reliefs ébauchés. Sérieusement repris et développés dans le marbre, ces essais se pourraient transformer un jour en œuvres véritables ; jusqu’à présent il n’est permis de les considérer que comme des indications heureuses.

iv.

Si nous consultions uniquement la somme de mérite que produit cette année la société des peintres d’aquarelle, nous nous arrêterions longuement dans la jolie salle fashionable de Pall-Mall-East ; mais nous n’y avons à étudier qu’un seul genre de peinture. Nous irons donc encore plus vite à travers cette brillante exhibition.

Parmi les féconds artistes associés qui l’enrichissent périodiquement, M. Copley Fielding est sans contredit le plus fécond et l’un aussi des plus méritans. Prendre une à une toutes ses aquarelles, ce serait impossible. Il n’en expose guère cette fois que quarante ; mais c’est de sa part discrétion inaccoutumée : d’ordinaire il va au-delà des cinquante. Et qu’on ne lui reproche pas la monotonie des sujets : il se varie et se renouvelle incessamment. Vous ne le voyez pas, il est vrai, s’éloigner beaucoup de ses îles britanniques ; mais quelle falaise de leurs côtes, quelle de leurs montagnes ou de leurs plaines, quel lac perdu de l’Écosse, quel antique manoir anglais enseveli sous son parc ombreux, quel recoin du pays ne fouille-t-il pas et laisse-t-il inexploré ? Ce n’est pas même pourtant l’exigence de son art qui le pousse à parcourir ainsi les trois royaumes. Vous l’enfermeriez dans le seul comté de Middlesex qu’il ne serait pas plus empêché de fournir à Pall Mall son contingent annuel. De fait, quand on possède ce sentiment de la nature qu’il a si profond et intense, en quel lieu pauvre et stérile n’est-elle point suffisante ? Donnez-lui ce matin pour prison de sa journée quelque pelouse chauve et maladive, qui n’ait pas une cabane, pas un arbre, pas une fleur, pourvu qu’il garde la vue libre, pourvu qu’il puisse suivre le soleil de son aurore à son coucher, traversant