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LE MAROC.

i.

TANGER.


Allant par terre de Cadix à Gibraltar, je me trouvais l’année dernière à Tarifa, petite ville plus arabe qu’espagnole, célèbre par ses voleurs, vrais Bédouins, et par ses belles femmes aux yeux bleus et aux cheveux blonds, comme les Valenciennes. Assise au point intermédiaire et le plus resserré du détroit, elle est à égale distance des deux mers et n’est séparée de l’Afrique que par quelques lieues. C’est la ville la plus méridionale du continent européen. Une jetée naturelle, moitié sable et moitié roc, forme un promontoire aigu à la pointe duquel une petite île circulaire est amarrée par un pont ; sur cette île est bâti le château qui, par sa position, ressemble un peu au château de l’Œuf à Naples. Sentinelle avancée de l’Europe, Tarifa, ville autrefois fortifiée, est là comme une vedette placée en observation par la civilisation occidentale, afin de surveiller les mouvemens du monde africain ; son nom rappelle ce Gusman-el-Bueno, le Junius Brutus