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Notre session législative a été définitivement close cette semaine. La chambre des pairs avait été le seul rouage de la machine constitutionnelle qui eût fonctionné durant la quinzaine. On a remarqué, sinon les rapides débats de ses dernières séances, au moins quelques-uns des discours prononcés par différens pairs. M. Gautier a déploré vivement l’obligation qui contraint la chambre de voter sans discussion et à la hâte, chaque année, le monceau des budgets accumulés. Peut-être, en effet, serait-il convenable que la pairie pût les vérifier à loisir. En tout cas, elle doit comprendre qu’il ne s’agit pour elle que de les enregistrer purement et simplement. Nous imaginons que l’exemple de l’Angleterre doit faire autorité en matière de gouvernement représentatif. Eh bien ! en Angleterre, les lords ont aussi le droit d’amender les lois de finance ; mais, de fait, jamais ils n’en usent. S’ils s’avisaient d’en renvoyer une à la seconde chambre avec un seul chiffre altéré, leur amendement serait soudain foulé aux pieds par les communes. C’est pourquoi, tandis qu’elles votaient dernièrement les résolutions du chancelier de l’échiquier, tendant à diminuer le droit du timbre des journaux, chacun se disait : « Enfin, voilà un bill contre lequel ne pourra rien la méchante volonté de la pairie. » Le discours semi-diplomatique et semi-carliste de M. de Noailles n’a guère paru qu’un pâle et lointain reflet de celui de M. le duc de Fitz-James à la chambre des députés. On se serait peut-être égayé davantage aux dépens de M. Bigot de Morogues, à propos de sa boutade obscurantiste, si elle n’eût été suggérée par des circonstances qui ne donnaient nulle envie de rire. Le vote du budget de la guerre n’a pas, bien entendu, soulevé sérieusement de nouveau la question d’Alger. Il n’a été qu’une occasion de prouver encore que le gouvernement comprend bien la volonté du pays, en voulant lui-même résolument le maintien et la protection armée de notre colonie. Il n’est plus désormais permis d’en douter ; Alger sera une France africaine, qui n’aura qu’à grandir et à prospérer sous le regard de la mère-patrie.

La liste des nouveaux fonctionnaires, publiée mercredi, a semblé, au premier aspect, quelque peu bigarrée. Les uns y ont trouvé de la gauche ; les autres, du centre gauche ; ceux-ci, de la doctrine ; ceux-là, une légère nuance de légitimisme. Nous ne serions point, pour notre part, disposés à blâmer beaucoup ces sortes de mélanges. À moins qu’il ne s’agisse de noms tout-à-fait dévoués au gouvernement déchu, il n’est pas d’un mauvais exemple que, dans le choix de ses délégués, l’administration consulte les lumières des candidats plutôt que leur opinion. L’admission aux emplois des capacités diverses, indépendamment de leur manière de penser, pourrait aider aussi à l’accomplissement si souhaitable de la réconciliation générale des partis. Parmi les nominations nouvelles, quelques-unes ne sont que