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presque triomphé du vieil usage. On avait daigné recevoir les communes sans se couvrir et debout. C’était une impardonnable faiblesse. Désormais on s’assiéra comme par le passé, et l’on enfoncera même davantage son chapeau. Si vous aviez vu pourtant les nobles lords en habit de ville, coiffés de cet étrange chapeau à cornes, qui ne ressemble pas mal à celui de nos ordonnateurs des pompes funèbres, vous douteriez que ce retour à la rigoureuse étiquette aristocratique soit un moyen fort efficace pour restaurer la dignité de la pairie.

Mais voici venir une occasion plus sérieuse de montrer son autorité. Ce même bill des corporations irlandaises, déjà si cruellement maltraité par leurs seigneuries, se représente enfin devant elles timidement réamendé par les communes. La séance est grave et solennelle. Lord Melbourne et lord Holland avaient renouvelé leurs avertissemens énergiques. Voyant quelle aveugle passion entraînait la chambre, lord Grey lui-même avait rompu un silence de deux ans. Il s’était avancé seul entre les deux partis prêts à en venir aux mains, et avait proposé un dernier moyen de conciliation. Mais ses conseils, pleins de sagesse, ne sont plus ceux que l’on écoute, ce sont les ressentimens acharnés de lord Lyndhurst qui font la loi. C’est l’ex-chancelier tory qui gouverne maintenant les pairs sous la responsabilité du duc de Wellington, leur chef nominal. Lord Lyndhurst ayant déclaré que les lords ne peuvent se désister de leurs principes, une formidable majorité repousse à la fois et les amendemens de la seconde chambre, et le sous-amendement plus pacifique encore de lord Grey.

Ce rejet prononcé, tout espoir d’arrangement avait dû s’évanouir. La conduite ultérieure des communes était dictée d’avance. La politique les avait poussées à trop accorder peut-être ; il ne leur était plus permis de rien céder honorablement. Aussi la séance dans laquelle lord John Russel vient demander l’ajournement à trois mois du bill mutilé, n’a-t-elle point l’intérêt dramatique de celle des lords ; mais le langage que tient le ministre est singulièrement vigoureux et significatif. « Il compte que la pairie ouvrira les yeux et se rangera prochainement à l’avis des communes, autrement il désespérerait du salut de la constitution britannique ; car il ne concevrait pas, ajoute-t-il, de constitution plus impraticable que celle qui autoriserait l’opposition déterminée, persévérante, inflexible, d’une chambre haute paralysant toutes les mesures de la chambre élective et méconnaissant l’opinion générale du pays.» Ce sont là les propres paroles de lord John Russel, le fils du duc de Bedford, l’un des plus illustres rejetons de l’aristocratie anglaise, et conséquemment l’un des plus intéressés à la conservation des priviléges de cette aristocratie ; ce sont les propres paroles du même ministre qui déclarait,