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litiques y furent largement étudiés et garantis par un ensemble de dispositions heureuses. Si l’inexpérience en matière économique et commerciale fit à cette époque commettre quelques fautes, ce furent là de ces erreurs inséparables d’une première éducation et qui ne compromettent pas l’avenir.

Quand la révolution eut commencé à gronder sur l’Europe, la diplomatie fit silence. Entre parties qui se considèrent comme ennemies naturelles, les négociations sont impossibles. La paix ne peut avoir à leurs yeux que le caractère d’un armistice, et le droit des gens n’est plus que le droit de la guerre. Brissot avait déclaré du haut de la tribune que la France tenait pour ennemis tous les despotes, pour alliés tous les peuples libres ou aspirant à l’être. Il fallait dès-lors rappeler ses ambassadeurs d’auprès de tous les rois, pour en accréditer auprès des clubs et des sociétés secrètes. Aux manœuvres propagandistes furent opposés des moyens aussi peu moraux et plus impuissans qu’elles. On se flattait alors de dominer une révolution en achetant ses chefs ; jamais les hommes ne furent estimés plus cher et ne valurent moins, car jamais ils ne furent plus subordonnés aux idées, dont ils étaient les instrumens et non les promoteurs. La diplomatie des comités de la convention, qui en fit plus qu’on n’imagine, a je ne sais quoi de sombre et de sauvage ; celle de la contre-révolution est d’une fabuleuse niaiserie.

Lorsque enfin l’égoïsme eut ranimé l’ambition en triomphant de la terreur des uns et du fanatisme des autres, ceux-ci aspirèrent à la paix pour jouir de leurs conquêtes, ceux-là pour s’en faire adjuger quelque portion en faisant acte d’empressement. Alors s’ouvrirent les conférences de Bâle, et l’on vit bientôt des mains teintes du sang de Louis XVI presser celles de ministres d’un petit-fils de Louis XIV et du roi qui avait conduit en personne la première coalition contre la France.

En 1789 s’ouvre pour le droit et la science diplomatiques une ère nouvelle, sur laquelle les publications officielles ne peuvent projeter encore aucune lumière. Les questions européennes ne sont pas résolues d’une manière assez complète et assez définitive, pour qu’il n’y eût pas imprudence, de la part du pouvoir, à fournir des armes aux passions et aux intérêts hostiles. D’ailleurs, tout gouvernement qui se respecte doit, à ceux qui l’ont servi, la protection du silence pour leurs derniers jours. Quand des vœux ont été ex-