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bas de soie, si ses jolis pieds sont enfermés dans une chaussure d’une forme élégante, elle doit une tendre reconnaissance à l’ouvrier étranger. Si la mantilla, son costume ordinaire, qui n’était autrefois qu’un froc de religieuse, est devenue aujourd’hui une mise des plus élégantes, qui relève infiniment ses attraits naturels, c’est parce qu’une modiste française est venue apporter dans sa confection les améliorations du bon goût, en y adaptant la ceinture, les voiles de dentelle, et toutes les coquetteries de la mode. Il n’est pas jusqu’au lépreux mexicain qui ne doive à l’industrie d’un étranger le poignard avec lequel il assassine. En un mot, tout ce qui est objet d’art et d’industrie, dans les choses de luxe comme dans celles de première nécessité, provient de l’étranger ; car, ainsi que nous l’avons dit, l’industrie, au Mexique, est absolument nulle. Si les mines de ce pays se sont rouvertes, et recommencent à répandre leurs trésors, c’est parce que des étrangers sont venus y dépenser des millions pour les remettre en exploitation. Enfin, si le Mexicain veut faire quelques pas dans la civilisation, et sortir de l’état d’abjection où il est plongé, il ne le peut qu’en appelant à son aide les lumières et les arts des nations plus avancées. Ne devrait-il pas faire en sorte que l’Européen qui vient apporter à son pays le tribut de ses talens et de son industrie, au lieu d’entendre retentir autour de lui des cris de rage et de mort, y reçût un accueil amical et bienveillant, et qu’il trouvât sûreté pour sa personne et sa propriété ? Le Mexicain comprend parfaitement combien il est en arrière des autres nations sous le rapport de la civilisation, de l’industrie et des arts ; il sent tout ce qui lui manque, et quel besoin il a de l’étranger ; mais sa haine est plus forte que sa conviction. Le Mexicain semble avoir déclaré la guerre à toutes les autres nations, il les abhorre toutes, et il ne les respectera jamais qu’autant qu’il les craindra.


Un Voyageur.