Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 7.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
REVUE DES DEUX MONDES.

toutes, qu’il soit bien entendu que l’art signifie uniquement ici l’art de peindre et de sculpter), si l’on n’avait pas étudié les quatre collections.

Mais il ne sera pas inutile de dire comment et pourquoi elles sont ainsi séparées.

Nous n’avons ni la volonté ni le loisir de censurer l’Académie royale. Fondée en 1768, et composée de quarante académiciens, sans compter les associés, use-t-elle ou abuse-t-elle, depuis soixante ans, des priviléges de sa charte, toujours est-il qu’elle emplit annuellement Somerset-House des peintures et des sculptures de ses membres et de leurs élèves, au détriment des concurrens étrangers qu’il lui plaît d’exclure.

Eût-elle voulu libéralement exercer son autorité, la chose n’eût pas été facile. Son local resserré ne lui permet pas d’exposer à la fois plus de mille à douze cents ouvrages.

Or, devenus dans l’art une vraie puissance, les peintres d’aquarelle estiment, en 1804, que l’Académie ne leur fait point, à ses solennités, une place suffisante. Ils marcheront seuls désormais. Unissant leurs forces, ils établissent la société qui convoque Londres, cette année, à sa trente-deuxième exhibition.

Cet exemple d’indépendance, que le succès couronne, n’est pas pour rester sans imitateurs. Divers artistes éminens se sont lassés enfin de solliciter vainement les fauteuils et les médailles d’or de l’Académie. Une société nouvelle est fondée, qui accueillera les toiles et les marbres quels qu’ils soient, repoussés ou non de Somerset-House. Cette association des artistes britanniques se recommande aujourd’hui par sa treizième exhibition, composée de près de mille ouvrages.

Il n’y a rien qui gâte comme la fortune. Oublieux de leur commencement, les peintres d’aquarelle, associés en 1804, s’étaient insensiblement montrés plus exclusifs et jaloux des débutans que ne l’avaient été jamais les académiciens eux-mêmes. Heureusement la ressource des associations est inépuisable. Les mécontens se réunissent ; ils invoquent la protection publique ; leur appel est encouragé, et une nouvelle société de peintres d’aquarelle affiche présentement dans la ville sa cinquième exhibition.

Voilà donc quatre exhibitions distinctes, qui réclament l’attention et la faveur à des titres inégaux, mais dont aucune n’est à