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de ses émotions. Il s’abstient de les interpréter, respectant en cela la volonté de l’artiste, qui a mis en jeu la plus noble des puissances de l’ame : le sentiment, pour que chacun l’épuise délicieusement en soi-même, au lieu de le définir par des mots.

LITTÉRATURE.

i. — Il est juste d’énumérer d’abord ces ouvrages qui forment la base de toutes les bibliothèques, qu’on lit fort peu aujourd’hui, mais qu’on a besoin de consulter souvent. Un de ces livres, à peine épuisé, est aussitôt reproduit par le commerce, avec ou sans variations. 200 noms célèbres figurent sur la liste de cette année : quelques-uns, comme ceux de Cicéron, de Voltaire, de Walter Scott, représentent une série de volumes. Le chiffre de la fabrication est de 9,188 feuilles types, et la moyenne du tirage dépasse 1500. Cette seule veine d’exploitation répand donc environ quinze millions de feuilles imprimées.

On réédifie avec soin un des monumens scientifiques qui honorent le plus notre pays : le grand Trésor de la langue grecque, si laborieusement amassé par Henri Estienne. Les plus célèbres professeurs de l’Europe se font un devoir de l’enrichir ; ils ne pouvaient rester sourds à l’appel des éditeurs, MM. Didot, savans hellénistes eux-mêmes. — Les premières livraisons du Lexique roman de M. Raynouard sont imprimées, mais non pas mises encore en circulation. Au dire de ceux qui ont pu apprécier ce travail de vingt années, l’auteur aurait conquis sa place à la suite des Estiennes et de Ducange. Sa méthode consiste à expliquer le mot roman, en distinguant dans le mot latin correspondant les lettres que la prononciation des Gaulois faisait sonner, de celles qu’ils annulaient. Pour les mots en petit nombre qui font exception, il indique leur origine, grecque, arabe, ou tudesque. Ainsi, il aura ouvert, pour la langue parlée aujourd’hui, une source étymologique des plus abondantes. Sur ce fond nécessairement aride, il a semé à pleines mains les fleurs poétiques du moyen-âge, au point de pouvoir présenter son œuvre comme un nouveau choix de poésies originales des troubadours.

L’année 1835 a été fertile en dictionnaires. Celui de l’Académie se trouve escorté de six autres, non moins volumineux. On lui a reproché de n’être pas complet, et on s’est mis en devoir de donner des supplémens. Il nous semble au contraire surchargé de locutions qui ne sont d’aucune langue, et d’explications qui n’apprendront jamais rien à personne. Ne s’agit-il que de recueillir tous les mots qui peuvent trouver place dans la langue, ou qu’ont employés des écrivains sans autorité ? C’est la tâche d’un compilateur ; mais d’une académie, on avait droit d’attendre un travail philosophique. Un bon dictionnaire sera celui qui indiquera, non pas tout ce qu’on dit, mais ce qu’il est bon de dire.