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DU SYSTÈME ÉLECTIF EN FRANCE

système représentatif que cet ordre parfait avec lequel une nation choisit les chefs de la force armée sur tous les points du territoire. Pour apprécier l’étendue des opérations électorales, il faudrait concevoir par la pensée autant d’assemblées qu’il y a de divisions et de subdivisions administratives. Les organisations purement communales représentaient en 1832, pour les villes, 86 légions, comprenant 229 bataillons ou escadrons, et 587 bataillons ou escadrons non réunis en légions ; pour les campagnes, 12,144 compagnies isolées, et 4,026 subdivisions de compagnies ; au total 1,871,073 hommes. Les organisations cantonales ou les associations de communes rurales avaient produit, à la même époque, 54 légions, comprenant 148 bataillons ou escadrons, et 2818 bataillons isolés ; au total 1,823,958 hommes.

En calculant, terme moyen, 20 officiers ou bas-officiers pour 100 hommes, on voit que les élections ont investi du commandement plus de 700,000 citoyens. 700,000 élus supposent au moins 2,000,000 d’éligibles ; or, il s’en faut que la capacité du commandement soit aussi répandue en France. La démocratie possède le pouvoir depuis trop peu de temps pour en avoir appliqué suffisamment les ressources aux progrès de sa propre éducation.

« La loi sur la garde nationale, dit M. d’Argout dans son compte rendu, comprend de si nombreux cadres, de si vastes organisations, qu’il a fallu reconnaître souvent que les capacités pour les grades manquaient en quelques lieux aux nécessités légales. Une institution militaire, qui s’étend à plusieurs millions de citoyens, semble supposer des ressources et une instruction extrêmement développées. Quels que soient les progrès dont le pays peut s’enorgueillir sous ce rapport, il compte des localités où les lumières n’ont pu encore pénétrer ; et s’il est vrai de dire que la bonne volonté n’a manqué nulle part, il n’est pas moins constant qu’il a fallu et qu’il faut encore retarder quelques organisations, à défaut de sujets propres à les compléter. »

On ne saurait contester que la loi n’ait ici devancé, à plusieurs égards, l’état social de la France. Mais la garde nationale est peut être l’institution où cette initiative donnée à la loi sur les mœurs a le plus d’avantage et le moins d’inconvéniens. D’abord, les grades supérieurs ne sont pas en nombre tel que les choix se trouvent forcés ; il y a partout, au contraire, affluence de concurrens. En