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MOUVEMENT
DE
LA PRESSE FRANCAISE
EN 1835.

La presse n’est plus, comme à son origine, un instrument réservé aux hommes qui ont conquis, par des études sérieuses, le droit d’interpeller le public. Activée par les merveilles de la mécanique, par la toute-puissance de la vapeur, elle fonctionne indistinctement pour tout le monde. L’état, le sacerdoce, la législature, l’administration, les écoles, les théâtres, les salons, tout ce qui remue l’opinion, tout ce qui modifie les sentimens et les mœurs, résume ses enseignemens, et les propage par des publications.

Considérer l’œuvre de la presse dans son ensemble, classer les quelques cent millions de feuilles qu’elle envoie chaque année à l’adresse du public, c’est ouvrir une série de problèmes ; car les chiffres ont une éloquence qui leur est propre. Le peu qu’ils disent éveille la pensée, et il est rare qu’ils ne répondent pas d’eux-mêmes aux questions qu’ils ont soulevées.

Le tableau que nous allons essayer de tracer est à l’abri des préventions, assez souvent fondées, qui menacent les statistiques. Ses résultats ne sauraient être contestés ; ils ressortent de pièces officielles. Le Journal de la Librairie, dirigé par M. Beuchot, avec un zèle qui ne s’est pas démenti depuis un quart de siècle, enregistre jusqu’aux plus minces publications, obligées, sous des peines sévères, au dépôt légal.